Une nouvelle jeunesse féminine de Nicolas Pavée

Jeune jurassien de 28 ans Nicolas Pavée écrit des poèmes et des chansons, depuis 2001 il est publié dans le Coin de Table, la revue de poésie de la Maison de Poésie, c’est là que j’ai découvert ce poème extrêmement moderne.

 
Elle a déjà branché, avec visiophonie,
Son téléphone peu sexy ! Par précaution,
Sa main sort le bloc-notes avec harmonie
Coincé parmi son string, son set d’épilation.
 
Des chouchous aux cheveux, elle met son piercing,
Histoire d’être unique et violente, pimbêche !
Son Teddy n’est plus rien pour elle, et le dancing
Va demain la séduire. En boîte, elle a la pêche !
 
Tee-shirt mouillé, sa peau bat comme un batteur drôle !
Elle a le rythme fou des hordes de tam-tam
Et le délire enfin qui la cherche et la frôle
Un strip-tease devant des hommes par webcam !
 
Sa jeunesse est hélas candide et ne voit pas
Ces sales vicieux qui pullulent, des idiots
Qui cherchent du plaisir, du sexe vers ses bas,
Par ce maudit Web qui l’attend dans son studio !
 
Déjà des connectés à son site d’adulte !
Elle a des clients qui voudraient voir ses deux seins.
Ah non ! Elle a compris ! Assez de cette insulte !
L’amour (le vrai), il court sans elle, est dans dessein !
 
Elle inscrit au carnet les noms de tous ces mecs
Pour les gommer ensuite et effacer leurs vices,
Déconnecte Internet sans bruit et met au sec
Son existence trop abusée, peu novice.
 
Se coupe un téléphone rose pour la vie,
La fleur de l’amour et de sagesse ! Bimbo,
Elle aime alors se voir neuve, l’âme ravie,
Dans son miroir qui montre plus qu’un lavabo !
 
                                                 Nicolas Pavée
 
On peut le retrouver ici sur son site
 

 Poesie du jeudi a9-ana-rosa1

 

Prière de Sully Prudhomme

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René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901.

Prière

Ah ! Si vous saviez comme on pleure
De vivre seul et sans foyers,
Quelquefois devant ma demeure
Vous passeriez.

Si vous saviez ce que fait naître
Dans l’âme triste un pur regard,
Vous regarderiez ma fenêtre
Comme au hasard.

Si vous saviez quel baume apporte
Au cœur la présence d’un cœur,
Vous vous assoiriez sous ma porte
Comme une sœur.

Si vous saviez que je vous aime,
Surtout si vous saviez comment,
Vous entreriez peut-être même
Tout simplement.

Poesie du jeudi a9-ana-rosa1

Le jeudi en poésie chez Asphodèle

Et puis un peu de bonheur à chacun :

muguet

 

 

Peynet de Robert Parron

Les amoureux de Peynet
Les amoureux de Peynet

Un monde Bleu plein d’amours qui s’envolent ;
Chapeau melon, fleurette au bout des doigts,
Fragilité du rêve où l’on voit
Naître un duo jouant à pigeon vole.

Le charme abstrait occulte les paroles,
Tout est mignon, et le vieux banc de bois
Est un petit décor presque sournois
Qui sans le dire invite aux cabrioles.

Rêvant qu’amour vienne les dénicher,
Plus d’un oiseau se cache dans les branches,
Les petits dieux ont du pain sur la planche.

Tout est fraîcheur, il n’est qu’un seul baiser,
Un bras discret s’enroule sur des hanches,
Est-ce un bonheur qu’on conjugue au passé ?

Robert Parron

Publié dans la revue de Poésie : Le coin de table ( avril 2007)

 

Les amoureux sur un banc
Les amoureux sur un banc

Robert Parron est né en 1925 à Lyon et et habite au pays des montagnes du matin : Lyon, Saint-Étienne, Roanne. Il rend ici hommage à Peynet  (1908-1999)  et ses célèbres amoureux. Brassens n’aurait pas composé « Bancs publics » sans les amoureux de Peynet, disait-il.

Poesie du jeudi a9-ana-rosa1

As faut d’elle c’est ici

 

Tu seras un homme mon fils by Rudyard Kipling

Rudyard Kipling
Rudyard Kipling

If est un poème écrit en 1895 par Rudyard Kipling et publié en 1910. Rudyard Kipling naquit à Bombay en 1865 et mourut à Londres en 1936. Il fut connu pour ses ouvrages destinés à la jeunesse comme « le livre de la jungle »   

 

 IF

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don’t deal in lies,
Or being hated, don’t give way to hating,
And yet don’t look too good, nor talk too wise:

If you can dream—and not make dreams your master;
If you can think—and not make thoughts your aim;
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you’ve spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken, R.Kipling
And stoop and build ’em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: “Hold on!”

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings—nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds’ worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that’s in it,
And—which is more—you’ll be a Man, my son!

 

 

En français la première traduction fut celle d’André Maurois en 1918 dans son livre « Les silences du colonel Bramble » traduction souvent attribuée à tort à Paul Eluard.   

Tu seras un homme mon fils

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois, A.Maurois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

 C’est cette version que Bernard Lavilliers a choisi d’interpréter

Poesie du jeudi a9-ana-rosa1

C’est évidemment pour le jeudi en poésies de la copine Asphodèle

Que serais-je sans toi by Aragon

Louis Aragon 1892-1987, poète, fut mis en musique par Georges Brassens, Léo Ferré et Jean Ferrat. Ce texte est extrait du « Roman inachevé  » publié en 1956 et est un hommage à Elsa Triolet.

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                  Que serais-je sans toi

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement

J’ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j’ai vu désormais le monde à ta façon
J’ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J’ai tout appris de toi jusqu’au sens du frisson

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement

J’ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu’il fait jour à midi qu’un ciel peut être bleu
Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne
Tu m’as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l’homme ne sait plus ce que c’est qu’être deux
Tu m’as pris par la main comme un amant heureux

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N’est-ce pas un sanglot de la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues
Terre terre voici ses rades inconnues

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement

Elsa la rose, Louis et Elsa sous l’oeil d’Agnès Varda en 1965

Et puis bien entendu parler d’Aragon, sans parler de Jean Ferrat, qui mit en musique quelques uns de ses poèmes me semblait impensable. J’ai choisi, une interview de Bernard Pivot chez Jean Ferrat en 1985 soit plus d’une décennie après qu’il ait quitté la scène.

Poesie du jeudi a9-ana-rosa1

Un jeudi poésie sur le blog Les lectures d’Asphodèle

Le jeudi en poèsie avec L.H. Frechette

Bois de Vincennes ©JCG
Bois de Vincennes
©JCG

Février

Aux pans du ciel l’hiver drape un nouveau décor ;
Au firmament l’azur de tons roses s’allume ;
Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume
Des petits moineaux gris qu’on y retrouve encor.

Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort ;
Et, dans les ravins creux qui s’emplissent de brume,
Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume
L’Orient plus vermeil met une épingle d’or.

Folâtre, et secouant sa clochette argentine,
Le bruyant Carnaval fait sonner sa bottine
Sur le plancher rustique ou le tapis soyeux ;

Le spleen chassé s’en va chercher d’autres victimes ;
La gaîté vient s’asseoir à nos cercles intimes…
C’est le mois le plus court : passons-le plus joyeux

C’est un poème du Québécois : Louis-Honoré Fréchette  1839-1908

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