Amour de Hanne Orstavik

«  Il se dit que quand il ne pense à rien il doit faire complètement noir dans sa tête; comme dans une grande pièce où la lumière est éteinte. »
Voici un livre bien étrange tant dans sa construction que dans son propos. Ce livre de 133 pages a pour cadre le nord de la Norvège, et l’action se déroule en une seule soirée dans le froid et la neige en abondance.

Vibeke et son fils Jon ont emménagé depuis quatre mois dans ce village du nord où il fait très froid. Jon va avoir 9 ans et il espère que sa mère lui offrira demain le train dont il rêve.

« Il pense à la locomotive dans le magasin, rouge et grise avec de l’acier sur le chasse-neige. Elle est à se pâmer. »

Lorsqu’ils sortent l’un de l’école et l’autre du travail, ils se retrouvent rapidement autour de la table de la cuisine puis vaquent ensuite chacun à leurs occupations.

Jon s’endort dans sa chambre pendant que Vibeke éprouve le besoin de se détendre dans un bain.

« Se plonger dans l’eau chaude est une pure bénédiction se dit-elle. Littéralement une bénédiction. Elle reste immobile savoure chaque seconde. »

Puis Jon se réveille et décide d’aller vendre les tickets de tombolas qu’on lui a remis, pour le compte de l’association sportive, se disant que : « S’il n’est pas à la maison pendant qu’elle fait le gâteau, ce sera plus une vraie surprise. »

Vibeke après son bain a envie de sortir, de se rendre à la bibliothèque « pour emprunter quelque chose avant la fermeture » et de rencontrer peut-être cet ingénieur qui occupe ses pensées. Elle appelle son fils avant de refermer la porte d’entrée, comme il ne répond pas elle pense qu’il s’est endormi et quitte la maison.

Jon regarde deux filles faire du patin puis en suit une chez elle. Vibeke découvre la fête foraine et fait connaissance avec un forain qu’elle suit dans sa caravane. Les deux adultes semblent bien ensemble et décident d’aller en ville s’amuser. « Il sourit encore. C’est un homme pour moi. Elle sent dans son corps que c’est vrai, un instinct physique. Elle peut faire confiance à son corps. »

Le garçon veut rentrer chez lui, il pense que sa mère à eu beau temps de tout préparer pour son anniversaire. Mais arrivé devant chez lui, la maison est dans le noir, il se rend compte qu’il a oublié ses clés, en plus il n’avait pas pris ses moufles ne pensant pas traîner dehors. Il n’y a personne. Il est seul dans ce froid glacial…

Ce livre est étrange dans sa construction parce que l’auteur passe de Vibeke à Jon d’une ligne à l’autre et si l’on ne fait pas attention on perd le fil. Mais Il ne m’a pas passionné même si la fin est surprenante et que tout le long de cette lecture on sait qu’il en sera ainsi, on garde l’espoir.

On peut s’interroger sur les qualités de Vibeke a être mère, on peut se demander si ce bouquin est bien moral. En le lisant, j’avais envie de secouer cette mère indigne et même de la claquer.

En tout cas un livre qui ne peut que laisser des traces.

En couverture

Vibeke et Jon, mère et fils, viennent de s’installer dans un endroit situé au nord de la Norvège. C’est la veille des neuf ans de Jon et un cirque ambulant est venu au village. Jon sort vendre des billets de loterie pour son club sportif, et Vibeke se prépare pour aller à la bibliothèque. Lors de cette nuit séparée, Jon ne peut pas s’empêcher de penser à un train qui arrive en roulant dans ses pensées, et pendant ce temps Vibeke passe mentalement en revue tous ceux qu’elle connaît, se demande si ce pourrait être l’un d’eux, l’homme de sa vie. Hanne Orstavik fait émerger dans un implacable rouage une forte tension et nous livre en peu de pages un roman poignant en usant d’une langue juste et précise. A la fin du roman on rembobine le fil pour attraper le commencement. Rarement une histoire aura fait l’objet d’une telle introspection, de l’autopsie aussi rigoureuse d’une mère et d’un enfant qui se perdent.

Biographie

Hanne Orstavik, née en 1969, est l’une des voix les plus importantes de la littérature norvégienne. En 2002, elle a reçu le prix Dobloug pour l’ensemble de son oeuvre. « Amour » est considéré en Norvège comme un classique parmi les romans contemporains. Il est traduit dans une quinzaine de langues. En 2008, aux Allusifs paraissait son précédent roman « La Pasteure ».

France Culture : « Rarement une histoire aura fait l’objet d’une telle introspection, de l’autopsie aussi rigoureuse d’une mère et d’un enfant qui se perdent. »