Le 25 novembre 1970 l’écrivain japonais Yukio Mishima1 se suicidait en public, par Seppuku2. Quatre jours après, le metteur en scène Koji Wakamatsu3 commençait son film « La femme qui voulait mourir ».
Ce film raconte l’histoire de deux couples obnubilés par le double suicide4. L’action se déroule dans un hôtel de montagne, au beau milieu de l’hiver, dans un paysage recouvert de neige.
Un couple arrive en voyage de noces. L’homme est plus âgé que sa jeune épouse. Ils sont tous les deux hantés par le double suicide. Pourtant l’homme, dix ans plus jeune, après un échec amoureux s’est risqué à ce jeu du double suicide avec une jeune fille de 17 ans qui n’est autre que la propriétaire de l’établissement dans lequel il est venu passer son voyage de noce. Cette jeune fille il l’a laissée pour morte à l’époque après lui avoir asséner un coup de katana, raté, pour la décapiter. Incapable de se suicider après elle, il s’enfuit la laissant en l’état.
Lorsque les mariés sont arrivés à l’hôtel, ils étaient suivis par un jeune homme, qui n’est autre que l’ancien amant de la jeune mariée. Les deux jeunes gens, ivres de suicide, ne sont jamais passés à l’acte ; raison pour laquelle la jeune fille l’a largué. Mais la jalousie fomente. A son arrivée, il fait connaissance avec la femme de l’hôtel.
Les images du suicide de Yukio Mishima hantent le film.
C’est un film que j’ai regardé en VOSTFR (Version Originale Sous-Titrée en Français) sur internet, un film de 1970 en noir et blanc. Ce film est interdit depuis toujours au Japon, parce que le suicide public de l’écrivain Mishima est une catastrophe pour le Japon. Le film est classé érotique, parce que les acteurs simulent l’amour -6 ans avant l’Empire des sens de Nagisa Oshima5 et sans commune mesure- pourtant c’est plutôt un film surprenant, pas excitant sexuellement, que j’ai bien aimé : sans doute à cause de Mishima, sans doute à cause du suicide.
Film réalisé en noir et blanc, sans réelle fioriture, allant directement à l’essentiel comme pouvait le faire la nouvelle vague de cinéastes dans ces années-là.
1 Yukio Mishima, né en 1925 est l’auteur entre autre de : Le pavillon d’or, Le marin rejeté par la mer, L’école de la chair. Il s’est suicidé par seppuku le 25 novembre 1970 au Ministère des Armées et a été décapité par un ami.
2 Seppuku : ou hara-kiri (coupure au ventre) est une façon rituelle de se donner la mort. L’éventration à pour but de faire sortir l’âme. A l’origine, c’est une ouverture transversale sous le nombril. Une autre version plus douloureuse consiste à ajouter une ouverture verticale pour l’expiation. Puis une autre version, moins honorable et moins douloureuse, consiste à se faire ensuite décapiter pour une mort instantanée.
3 Koji Wakamatsu : né en 1936 et mort en 2012. C’est après 5 mois de prison pour vol, vers l’âge de 17 ans, qu’il entre dans le clan des Yakuzas (Mafia japonaise) pour le compte desquels il surveille les plateaux de cinéma. Il tournera des films engagé (politique, domination homme ou femme, extrémisme…) Il produira L’empire des sens.
4 le Double suicide : est basée sur une pièce japonaise datant de 1721 interprétée avec des marionnettes. Un film : Double suicide à Amijima a été réalisé en 1969.
(merci à Wikipédia pour tous ces renseignements)
Un extrait :
prod109150078-la-femme-qui-voulait-mourir.html