Rester

Voilà l’avion a décollé sans moi hier, d’ailleurs je croyais que c’était aujourd’hui le départ. Le choix est donc fait par envie ou par oubli !

Je cherche un appartement mais c’est presque fait. Je ne sais pas comment je dois envisager l’avenir. Je suis content mais interrogatif. Prendre un appartement signifie racheter tout de la petite cuillère à l’armoire mais de toute façon je n’avais plus rien.

Alors l’avenir est devant moi.

Décision, partir ou rester ?

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Ce paysage magnifique se trouve juste à la sortie d’un centre commercial à l’ouest de Saint-Pierre ; c’est un peu irréel pour un parisien habitué à vivre dans le béton que de voir ça avant de remonter en voiture.
Je pourrai contempler les vagues s’échouer sur les rochers sans m’en lasser et chatouiller le déclencheur de mon appareil photo sans m’ennuyer pour capter LA photo magnifique.
La mer me captive, m’apporte une certaine sérénité, un grand plaisir. Le fait de pouvoir me baigner dans le lagon des heures durant, dans une eau transparente, chaude et de « nageouller » me procure une certaine jouissance.
Sur le sable, je réfléchis, je rêve à mon avenir.
En fait, j’ai l’envie de rester là auprès de ma fille, de voir grandir mon petit-fils, ma fille qui vit ici depuis plus de sept ans et qui m’a profondément manqué toutes ses années. L’idée fait son chemin à tel point point que je suis à la recherche d’un appartement, j’ai le possibilité de me faire rembourser mon billet de retour, le seul « hic » est lié à mes petits problèmes de santé et l’appareil qui m’aide à passer des nuits calmes mais il y a un CHU tout près et je pourrai sûrement être suivi de la même manière.
Si la vie est un peu plus chère ici qu’en métropole, les loyers un peu excessifs, le confort de vie reste une priorité et tous les petits problèmes peuvent voler en éclat au fur et à mesure que j’avance.
La décision n’est pas encore prise à 100 % mais au trois quarts.
Ne pas vivre ici à cause des requins ou des cyclones potentiels qui m’effraient me semble ridicule, chaque année 840 000 réunionnais affrontent les éléments et survivent ensuite. Du fait que ma fille vive à la Réunion je rencontre du monde, je suis invité ici et là, j’ai une vie sociale un plus remplie qu’en Métropole.
Que je reste ici ou que je retourne d’où je viens, il y a un moment où je devrai prendre un appartement et l’équiper complètement parce que deux années auparavant j’ai dû tout déposer sur le trottoir, j’en suis au même point. Alors ici ou là-bas ?
Évidemment le fait de ne plus voir ceux qui me sont chers, ma mère très âgée, mon fils et sa petite famille, mes ex-beaux-parents, mon ami d’enfance et ceux qui m’ont recueilli alors que j’étais à la rue, m’ennuie.
Mais quitte à refaire sa vie, quel est le mieux ?
Quand j’ouvre le frigo et que l’odeur des mangues, des fruits de la passion, des bananes, ravissent mon organe, je craque.

Tempête Carlos

capture-decran-2017-02-07-a-16_30_22J’ai été réveillé à minuit par la pluie, sans doute que mon inquiétude pour le cyclone annoncé depuis quatre jours a fait son œuvre. J’entendais la pluie ruisseler et se déverser par les gouttières dans les containers placés-là volontairement pour récupérer l’eau qui pourrait être précieuse en cas de coupure.

Puis cette pluie s’est intensifiée, violente comme si les nuages s’ouvraient subitement pour déverser leur trop plein d’énergie. Pour éviter d’entendre ce déluge, j’ai allumé la télévision pour focaliser mon attention sur autre chose et masquer le bruit des trombes d’eau que le ciel envoyait.

Dehors c’était le noir absolu, seul le martèlement de l’eau sur le sol parvenait à mes oreilles.

Puis soudain le calme est revenu, un calme angoissant vite troublé par les aboiements d’un chien suivi d’un silence pesant, un de ceux qui présagent que la nature va se manifester encore.

J’ai fini par m’endormir.

Puis à 6 h 34 ce matin la tempête frappa à ma porte de nouveau. Impressionné par la violence de l’orage je me suis levé d’un seul tenant persuadé que la cuisine était complètement inondée, ce qui n’était pas le cas. Derrière les cannisses je contemplai avec stupeur la pluie tomber, le vent pousser cette eau et je surveillai le cours des choses.

L’intensité du cyclone, reclassé en tempête, ne parviendra à son apogée que cette après-midi. J’ai encore quelques heures devant moi à regarder les éléments déchaînés s’abattre sur le bout d’île qui m’héberge.

Pour l’heure à 16h30, heure locale, juste quelques rafales de vent et un ciel à dominante grise mais où est passée ma tempête ?

Je viens de lire qu’à 16h30 la tempête se situe à 109 kilomètres de la Réunion et progresse doucement… alors la nuit va être agitée encore.

P.S.: La différence entre cyclone et tempête est la vitesse des vents. Pour Carlos la vitesse du vent est inférieure à 150 kms/h et le cyclone a donc été reclassé en tempête tropicale.