Ne lâche pas ma main de Michel Bussi

9782258099944Le 4eme de couve :

Un couple amoureux dans les eaux turquoise de l’île de La Réunion. Farniente, palmiers, soleil.

Un cocktail parfait. Pourtant le rêve tourne au cauchemar.
Quand Liane disparaît de l’hôtel, son mari, Martial Bellion, devient le suspect n° 1. D’autant qu’il prend la fuite avec leur fille de six ans.
Barrages, hélicoptères… la course-poursuite est lancée au cœur de la population la plus métissée de la planète.
Et si cette chasse à l’homme, ponctuée de cadavres, dissimulait la plus redoutable des manipulations ?

Un thriller qui cogne comme un verre de punch.
A déguster vite, fort et frais.

L’auteur :

Miche Bussy est professeur de géographie à l’université de Rouen. Il a publié en 2011 aux Presses de la Cité Nymphéas noirs (Prix polar Michel Lebrun, Grand Prix Gustave Flaubert, Prix Polar méditerranéen, Prix des lecteurs du festival Polar de Cognac, Prix Goutte de Sang d’encre de Vienne) Et Un avion sans elle en 2012 (Prix Maison de la Presse et Prix du Roma populaire.

Extraits :

« Dans la glace, j’aperçois la lame brillante dans la main de papa. Aiguisée. Pointue.

Il l’approche de ma nuque, je la sens coupante et froide.

Je me pince les lèvres jusqu’au sang.

Je tremble de peur mais je n‘ose pas prononcer un mot. Papa se tient debout derrière moi. Il doit deviner ma frousse, sentir les frissons, la chair de poule sur toute ma peau.

Papa approche encore la lame. La pointe touche mon cou cette fois. Elle, est glacée. La lame remonte jusqu’à mon oreille gauche.

Je me retiens de faire le moindre geste, je dois juste attendre sans bouger. Sans hurler. Sans paniquer.

Papa pourrait me faire mal.

Me blesser sans le faire exprès.

Mon papa n’est pas très doué.

De nouvelles touffes de cheveux tombent dans le lavabo. »

Mon avis :

Un polar qui va vite, rebondissement garanti tout au long de cette lecture. Je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer, ni celui de dormir avant d’avoir fini, avant de comprendre pourquoi. Je me suis ré-ga-lé. J’ai apprécié de trouver un polar avec des tâches de sang au coin de chaque page. Une excellente lecture, j’ai rêvé de soleil, de trekking mais aussi de trouver ce foutu assassin.

Évidemment on rencontre des choses propres à l’île, un commissaire d’origine indienne, un colonel de gendarmerie muté de métropole, un adjoint métropolitain arrivé là par hasard et qui aime les bédos et les réunionnaises charnues.

On rencontre donc des autochtones en chair, de jolies indiennes et des métropolitaines amoureuses et bafouées et une petite fille attachante. Le tout avec des requins qui surveillent.

Un agréable moment de lecture.

Le blog de l’auteur ici

La binette de l’auteur : Michel Bussy

L’atelier des miracles de Valerie Tuong Cuong

latelierdesmiraclesLe 4 eme de couve :

C’était un atelier d’horlogerie, a-t-il souri. Remettre les pendules à l’heure, réparer la mécanique humaine : c’est un peu notre spécialité, non ? 
Professeur d’histoire-géo, Mariette est au bout du rouleau. Rongée par son passé, la jeune Millie est prête à tout pour l’effacer. Quant au flamboyant Monsieur Mike, ex-militaire installé sous un porche, le voilà mis à terre par la violence de la rue.
Au moment où Mariette, Mike et Millie heurtent le mur de leur existence, un homme providentiel surgit et leur tend la main – Jean, qui accueille dans son atelier les âmes cassées.
Jean dont on dit qu’il fait des miracles.
Auteur du très remarqué Providence (Stock, 2008), Valérie Tong Cuong nous plonge avec L’Atelier des miracles au coeur de nos vies intimes. C’est aussi un hymne aux rencontres qui donnent la force de se relever.

Le site de l’auteur : http://www.valerietongcuong.com/html/romans/latelierdesmiracles.html

Ma première impression :

On est dans le schéma habituel de l’auteur ; enfin celui que je retrouve dans les 2 livres lus, à savoir des personnages, 3 qui n’ont rien à voir entre eux et se trouvent mêlés à la même histoire, confrontés au 4eme personnage un certain monsieur Jean.

 Millie est une jeune provinciale sans envergure, insignifiante, qui parcoure la vie comme une vache traverse un pré ou plutôt ; « Comme un enfant maladroit traverse la piscine sous l’eau, poussé par le maitre nageur et les huées de ses camarades, épuisant ses ultimes réserves d’air pour atteindre le bord opposé, caressant la mort, l’admettant déjà. »Lorsqu’il y a le feu dans l’immeuble qu’elle habite, qu’elle saute par la fenêtre et se retrouve hospitalisée, elle feint l’amnésie trouvant ici l’occasion de changer de vie. A sa sortie de l’hôpital elle est prise en charge par monsieur Jean, qui s’occupe d’une association caritative appelée l’Atelier chargée d’aider les gens à se reconstruire. Jean décide de partir avec elle, à la conquête de son passé.

Puis il y a :

Monsieur Mike, un ancien militaire qui a fini par déserter : « J’ai pété les plombs au retour d’une opex. C’était allé trop loin, des choses pas racontables, des trucs vraiment sales qu’on nous demandait d’oublier d’un claquement de doigt, rompez ! »En quittant l’uniforme, il perdu la femme qu’il aimait mais il a aussi perdu le droit de travailler ; en effet : qui embauche un déserteur ? C’est pourquoi il finit dans la rue, Sdf, pochtron, et pour une histoire de territoire, il sera battu à coups de barre de fer et hospitalisé sept jours. À lui aussi monsieur Jean tendra la main, parce qu’à l’Atelier il a besoin d’un homme à tout faire et surtout d’un chauffeur.

Et aussi :

Mariette, un professeur de géographie sous l’emprise de son mari, politicard influent, et ses deux fils, persécutée par ses étudiants et notamment ce Zebranski, un élève turbulent. «  Ma main est partie toute seule à l’instant même où mon talon se posait sur le palier, une gifle puissante, la gifle, celle qui contenait les centaines d’autres retenues depuis trop longtemps, et je l’ai vu basculer, jambes maigres passant par-dessus tête, corps caoutchouteux, mèche flottante, dans un cri il a rebondi d’une marche à l’autre pour s’arrêter aux pieds du principal. » Bien sûr Mariette en pleine dépression sera internée pendant une semaine et dès sa sortie sera prise en main par monsieur Jean.

Et :

Monsieur Jean, mais qui est ce monsieur qui s’occupe de prendre en charge toutes ces gueules cassées et pourquoi le fait-il ?

Bien entendu les personnages sont soigneusement décrits au fil des pages et particulièrement attachants. C’est un livre agréable à lire, le style est aisé, l’écriture coule de source et l’intrigue tient en haleine, que demander de plus. J’ai aimé tout simplement.

V.Tuon Cuong

Noir dehors de Valérie Tong Cuong

noirdehorsL’histoire commence ainsi : « Je suis sortie sur le seuil. Des gouttes d’une eau sale s’écoulaient du climatiseur accroché à l’étage et glissaient sur mon front. Je me suis écartée. D’ici, on ne voyait pas à plus de trente mètres : les bâtiments gris et trapus masquaient entièrement l’horizon. On en parlait souvent, de l’horizon, avec Bijou. On supposait qu’ailleurs les choses étaient différentes. On pariait qu’il y avait des plantes vertes, des enfants aux vêtements colorés, des posters de chanteurs à la mode derrière les baies vitré

— Imagine un peu disait Bijou, imagine que les immeubles soient roses de l’autre côté de la rue. »

Les deux filles qui discutent ainsi, sont Naomi et Bijou, deux prostituées captives qui ne sortent jamais de la chambre, au dessus du bar dans lequel elles monnayent leurs charmes pour le compte de Tony, le souteneur et de Gecko son second. Deux petites frappes. Naomi, Tony l’a ramassée toute jeune et l’a menée là, dans ce bar glauque, dans cette chambre, d’où elle n’est jamais sortie. Bijou, plus âgée, se prostituait déjà avant d’atterrir ici. Bijou a servi de mère, de professeur, de confidente, elle a épongé les larmes de la jeune Naomi.

Un jour, la porte de la grille reste ouverte…

 

« L’air du bureau était frais, mais la chaleur dehors si tenace qu’il suffisait de jeter un coup d’œil par les fenêtres pour s’étouffer. Malgré cela, impossible de détacher son regard des tours voisines. Les structures métalliques tremblaient sous le soleil comme de fragiles tiges de caoutchouc. »

C’est le début du deuxième chapitre dans lequel nous faisons connaissance du second protagoniste de ce roman, Simon Schwartz, le plus célèbre et médiatisé avocat de New-York qui a gagné ses galons comme avocat commis d’office, en remportant un procès perdu d’avance celui d’une femme filicide, qui laisse tomber son bébé d’un chambre au dessous des toits.

Les bureaux de Simon sont au 36ème étage d’une tour du Financial District.

 

« Le grand-père aboyait comme toujours. Dans mes fréquents cauchemars, je l’imaginais transformé en chien perpétuellement lancé à mes trousses, la bave aux lèvres et le croc affuté, habité par la seule nécessité de me déchiqueter jusqu’à ce que plus rien ne subsiste de mon pauvre corps, ou tout au moins plus rien d’identifiable. Bien entendu je gardais pour moi mes terreurs nocturnes. Qui aurait osé défier l’autorité de l’Ancêtre dans cette maison, dans cet immeuble, dans cette rue et même dans tout l’odorant quartier de Chinatown»

Le troisième larron c’est Canal, un jeune chinois de Chinatown. Canal c’est le nom que lui a donné le grand-père quand il a trouvé ce bébé sur le pas de la porte. Pourquoi ce drôle de prénom ? Parce que le magasin est situé sur Canal street. L’enfant a été recueilli, non pas adopté, et travaille dans l’immense commerce que le grand-père exploite. Le jeune Canal apprend le Confucianisme et les arts martiaux à travers les livres et les vidéos en vente dans le magasin. En vingt années de vie, il n’est jamais allé plus loin que la porte du magasin, la ville lui est inconnue.

Parce que New-York ce soir là est dans le noir en raison d’une panne électrique, alors que les filles faussent compagnie à leurs geôliers, que Simon descend à pieds ses 36 étages, pas d’électricité, pas d’ascenseurs, la mégapole est plongée dans le plus gros chaos de tous les temps. Des embouteillages monstres, les métros et les trains ne circulent plus, les gens abandonnent leur voiture en plein milieu de la rue r pour essayer de rejoindre leur domicile d’une autre façon.

« Manhattan entier était sans électricité. Le grand-père caressa son bouc de satisfaction : le groupe électrogène qu’il avait acheté allait enfin servir. C’était un petit modèle aux capacités limitées : on devait renoncer aux ventilateurs, mais l’armoire réfrigérée resterait et, sous peu, si on avait la chance que la panne ne soit pas réparée trop vite, la moitié du quartier viendrait ici acheter de quoi se désaltérer. »

Le malheur des uns fait le bonheur des autres.

 

Mais les trois intéressés se retrouvent ce soir-là autour de l’église du père Joachim. « Des gens étaient allongés sur le trottoir d’autres endormis. D’autres discutaient à voix basse sur les marches. » surpris ou stoppés par cet incident extraordinaire. Naomi, la tête sur l’épaule de Bijou se sent de plus en plus mal, le manque de crack lui donne un teint cireux, Gecko lui fournissait sa drogue pour mieux asseoir sa dépendance. Simon dévisage sans arrêt cette Naomi qu’il prend pour Eden la prostituée virtuelle dont il utilise les services. Bijou, elle, prend son passé en pleine figure face à ce magistrat qu’elle reconnaît, quant à Canal, il devra utiliser sa technique de combat apprise dans les livres.

C’est un monde étrange dans lequel nous emmène Valérie Tong Cuong au travers des personnages qu’elle dépeint.

En livre de poche c’est un bouquin de 190 pages qui se lit d’une traite ou presque, par curiosité, parce qu’on a envie de savoir pourquoi une pute, pourquoi un avocat, pourquoi un chinois.

Ce livre m’a plu, aussi peu probable soit-il, et me donne envie de continuer ma quête en lisant d’autres ouvrages de cette auteur prolifique.

« Je lui ai fait part ce cette pensée du maître : seul l’homme honorable sait aimer et haïr comme il convient. »

V.Tuon Cuong

Qui est cette auteur ? Difficile de le savoir, je reprendrai sa propre biographie trouvée sur son blog : Valérie Tong Cuong est née en banlieue parisienne. Après une adolescence chaotique, elle étudie la littérature et les sciences politiques. Elle travaille huit ans dans la communication puis lâche tout pour se consacrer à l’écriture (romans, nouvelles, scénarios) et à la musique.      Le blog  de V. Tong Cuong est ici

Le résumé de son livre, toujours sur son blog est  ainsi que la revue de presse.

Le dernier homme de Fukushima

Fukushima-explosion

Le dernier homme de Fukushima Est un livre d’Antonio Pagnotta, journaliste-reporter, qui s’est rendu plusieurs fois à la rencontre du dernier homme de Tomioka. Tomioka étant la ville où sont installées les centrales nucléaires de Daïchi, dans la préfecture de Fukushima. Tamioka comptait plus de 16 000 habitants évacués au lendemain de la catastrophe aujourd’hui encore il n’en reste qu’un.

Naoto Matsumura

Naoto Matsumura n’est pas une légende mais un homme qui, depuis trois ans fait de la résistance, face à Tepco et au gouvernement. S’il vit toujours à Tomioka s’est pour protester d’une part parce que dans les années 1970 lors de la construction et de l’ouverture des centrales nucléaires, Tepco à assuré qu’il ne se passerait jamais rien sur le site, et d’autre part parce que l’évacuation proposée n’était autre qu’un parcage inhumain de la population.

N.Matsumara jette une pierre sur la centrale nucléaire
N.Matsumara jette une pierre sur la centrale nucléaire

Au milieu des carcasses de chiens, chats, de cochons et de bœufs noirs, à 51 ans Naoto Matsumura a décidé de rester dans sa ville natale pour ne pas abandonner sa terre, pour ne pas abandonner sa chienne. Chaque jour Naoto Matsumura nourrit le bétail que le gouvernement a décidé de laisser crever.

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Je parlerai de ce livre une autre fois, je voulais citer un passage important qui reflète une société japonaise que les occidentaux ont parfois un peu de mal à comprendre :

« La culture japonaise du travail prime, d’où le mythe de la supériorité de la technologie nippone qui ne peut faillir. Doués pour l’organisation collective, le perfectionnement maniaque des méthodes et l’obsession du détail infime. Les Japonais sont beaucoup trop appliqués, trop occupés dans leur routine, pour envisager l’imprévu. Par dégoût culturel, une forme de superstition populaire, ils rechignent à imaginer des scénarios d’accidents majeurs, parce qu’ils craignent, ainsi faisant, de les provoquer.

Cet imperturbable esprit de sérieux s’allie au souci obstiné de réduire les choses à une simplicité gérable pour mieux garantir la réussite des méthodes collectives apprises et mille fois répétées. Ce mythe de la supériorité technologique est une foi qu’embrassent de nombreux diplômés des grandes universités japonaises – parmi eux les hauts cadres de Tepco dont l’arrogance n’a d’égale que leur ignorance du fonctionnement des centrales nucléaires et des risques encourus lors d’un accident. L’élite japonaise, dans son incapacité à prévoir le changement, est l’une des causes principales des échecs historiques du pays.

Les universités, avant d’être un réservoir de dirigeants pour les entreprises, sont d’abord l’outil de sélection de l’élite où les piliers du pouvoir et de l’établissement sont sélectionnés mais jamais formés. L’université représente un modèle passé qui produisait de l’uniformité et des brosses à reluire de luxe. Les diplômés manquaient totalement d’une chose dont les Français regorgeaient : ils n’avaient pas d’esprit critique et, une fois recrutés dans une grande entreprise, ils se montraient cruellement incapables de travailler au changement le plus infime. Leurs talents et leur intelligence se concentrent essentiellement – exclusivement – sur les moyens de production.

Anticiper un problème qui pouvait mettre leur entreprise à genoux ne faisait pas partie de leurs priorités. »

                                                                                                                                                                              Pages 136,137 et 138

naoto matsumura 3

 En avril 2011, Naoto Matsumura est allé au siège de la Tepco, reçu par le directeur de la division des affaires générales, il voulait exprimer sa colère d’homme à homme et poser des questions, dont celle-ci :

« Existe-t-il un interrupteur général qui permet d’arrêter une centrale nucléaire en urgence, puis un autre plus général pour arrêter toutes les centrales nucléaires ? »

«  Il existe bien un interrupteur pour arrêter chaque centrale. À Daii Ichi, il n’a pas été utilisé parce que la compagnie voulait continuer à utiliser le centrale dans le futur », avait reconnu le directeur de la division des affaires générales. »

                                                                                                                                                                                      Pages 124 et 125

Naoto matsumura le 2 juin 2011

 P.S.: J’ai réservé ce livre à la médiathèque depuis début décembre 2013 et je ne l’ai eu à disposition que le 7 mars. Je ne crois ni au destin, ni au coup du sort et j’aurais pu l’avoir avant ou après mais je l’ai eu pour le 11 mars. Qui connait mon engouement pour la Japon et les pays asiatiques peut trouver, comme moi, la coïncidence exceptionnelle !

La photo qui a fait le tour du monde,symbole de cette catastrophe nucléaire :

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La machine à broyer les petites filles de Benacquista

la-machine-a-broyer-les-petites-fillesUn recueil de quinze nouvelles de Tonino Benacquista, paru en 1993, et qui régale son auditoire.

Dans Le jardin des mauvais garçons on peut lire ceci : « Je me suis arrêté d’écrire un instant pour vérifier une dernière fois le barillet. Puis j’ai essuyé le bout du canon pour éviter au mieux le goût de la rouille dans la bouche. »

Dans Le balcon de Roméo un acteur et une actrice, amants à la ville, rejouent la scène mythique  « C’est en sortant de la chambre que je l’ai vue. J’ai voulu fermer les yeux, mais il était trop tard. Elle avait le regard brûlant de Méduse et la voix des sirènes. Elle avait le corps de Calypso et une réputation plus cruelle que celle de Circé. Et moi, Ulysse de fortune, je me suis vu tomber dans tous les pièges à la fois. J’ai eu une seconde de vertige et une minute de fièvre, quand elle m’a dit : on se voit ce soir, non… ? » Mais oui il s’agit d’un remake de Shakespeare.

Suite logique commence par ces mots : « Je hais les test d’intelligence. Et quand je dis je hais, je n’encourage personne à me forcer à le prouver. Test et intelligence, je ne supporte pas la collision de ces deux mots. Ce que j’exècre plus encore, c’est l’individu qui vous en fait passer un ave le sadisme bienveillant de celui qui connait la réponse. » Où comment on vous fait perdre pied devant l’être aimé et quelle sera la vengeance.

Dans le quiproquo de Cuedo privé entre le tueur à gages et son commanditaire on peut lire ce dialogue : « — Ouais et je ne suis absolument pas détective privé. J’invente. Tout ce que je sais de ce boulot c’est de ma femme que je tiens. Parce que, elle, elle en fréquenté un, un vrai. Elle voulait me faire filer, elle pensait que je la trompais trois nuits par semaine, l’idiote. — Et tu faisais quoi trois nuits par semaine ?  — Je jouais au Cuedo avec des riches oisifs, mais pas en tant qu’enquêteur, tout simplement en tant que tueur. »  et la fin n’en est que plus surprenante.

Et pour les surprises Tonino  Benacquista est un maître, ses nouvelles sont impitoyables et les chutes savoureuses. Je ne vais pas les résumer une à une mais… il excelle.

Sur la couverture :  Il suffit de prononcer le mot  » colt  » et l’on a changé de bord. Errer dans les rues avec un revolver en état de marche, c’est saisir la chance d’être un autre. Immédiatement, dès le tout premier contact, des idées me sont venues à l’esprit, des choses auxquelles je n’avais jamais pensé. Jamais. Une foire au crime, un chasseur de pizza, un balcon meurtrier, un violoncelle qu’on assassine et un Van Gogh gravé dans la peau sont autant de pièces d’un engrenage cynique et burlesque, un laminoir de l’innocence, une machine à broyer les petites filles.

Quelques avis sur Babelio Et Tonino Benacquista sur Wikipedia

La petite fille de monsieur Linh De Ph. Claudel

Monsieur Linh est sur un boat-people, il n’a avec lui qu’un petit sac et une poignée de terre de son pays et Sang diû sa petite fille. Son fils et sa belle fille sont tombés sous les obus et sa femme est morte de maladie.

Après le camp de réfugiés monsieur Linh Et Sang diû sont transférés vers l’Occident.

Lorsqu’il arrive sur ce nouveau continent, monsieur Linh ne comprend pas ce qu’on lui dit. Les réfugiés qui comme lui habitent le camp ne sont pas très chaleureux. Les hommes jouent, boivent et se battent, les femmes ne sont pas sympathiques et si elles lui préparent à manger ce n’est que par respect des coutumes ancestrales.

D’ailleurs, elles ne l’aident pas, le laissent s’occuper de sa petite fille.  Personne ne lui parle. Il vit seul au bout de ce hangar qu’ils occupent provisoirement.

Heureusement sa petite fille est très sage, ne pleure jamais, ne réclame pas à manger. Monsieur Linh la porte toujours contre lui.

Dans ce nouveau pays, il fait très froid et monsieur Linh reste enfermé comme un prisonnier. Puis un jour, il s’aventure à l’extérieur et s’assoit sur un banc. Il fait la connaissance de Bark, un vieil homme qui lui raconte sa vie dans une langue qu’il ne connaît pas.

Ces rendez-vous quotidien avec Bark deviennent peu à peu comme une bouée de secours. Bark raconte, Linh écoute. Sans se comprendre se noue un lien entre les deux hommes. Le jour où Bark lui offre une jolie robe pour Sang diû monsieur Linh est profondément ému.

Mais monsieur Linh est conduit dans une maison de vieux, un asile, un mouroir dont il ne peut sortir. Il se sent en cage. Il veut voir son ami Bark mais comment faire dans cette ville qu’il ne connaît pas même si la présence de sa petite fille le rassure.

petitefillemonsieurlinh2C’est une magnifique histoire avec une fin que je ne dévoilerai pas. Si les pays ne sont pas nommés on imagine que Monsieur Linh et Sang diû, qui signifie : » matin doux » viennent du Vietnam du sud et que le pays accueillant peut être le Canada.

L’amitié entre Bark et monsieur Linh est extraordinaire et la petite fille de monsieur Linh est une enfant inhabituelle, de par son calme, de par sa sagesse.

Le livre est écrit au présent de telle sorte qu’on vit l’instant au fur et à mesure que les pages se tournent.

Mais c‘est un livre de Philippe Claudel alors l’histoire est triste, pleine de solitude, tragique et insoutenable.

L’exil, la mort, rôdent et la nécessité de se raccrocher à quelque chose, à quelqu’un pour continuer à vivre est peut-être l’une des facettes que l’auteur avait envie de décrire.

C’est un livre que je conseille. S’il est parfois plein de promesses, il est aussi plein de tristesse, surprenant tout autant que choquant.

Le quatrième de couverture :

 C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu’il s’appelle ainsi.
Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays,
celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort. Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.

Vous trouverez tout sur Philippe Claudel avec Wikipedia

Et l’avis des lecteurs ainsi que les citations sur Babelio