Il regardait à la fenêtre les averses se succéder et battre le pavé. Le tonnerre était de la partie et l’espace entre la foudre et le fracas se réduisait, à peine cinq secondes, à peine cinq kilomètres le ciel en fureur l’inquiétait.
S’il affichait un air serein, ce n’était qu’une façade.Il avait une peur authentique même congéniale de l’orage. À l’adolescence son entourage le traitait de poule mouillée et racontait à chacune de ses conquêtes qu’il manquait de courage et l’idylle naissante partait en déroute. Pleurer, implorer, s’expliquer n’aurait servi à rien.
Un frisson le saisit, il se frotta machinalement les articulations, avec l’humidité il ferait bien un petit feu dans la cheminée. Aussitôt dit qu’il disposât du papier, mît quelques branches et jetât une allumette dans l’âtre qui prît illico une couleur caramel, bel instant où tout s’embrase.
Il surveillait malgré tout les éclairs. Le regard fixé sur l’horizon il ne vit pas la pelote de laine de son magnifique chat blanc nommé Chocolat, Son genoux plia sans céder mais réveilla quelques vieilles douleurs. Abreuvé d’injures le félin fonça droit sur la chatière il cependant il s’arrêta pile en entendant la pluie. S’il voulait jouer la fille de l’air, s’évader, c’était raté. La queue rabattue entre les pattes arrière, il guettait prêt à tout.
Lui regardait le chat en allumant sa clope. Un œil sur les éclairs puis s’installa devant son ordinateur malgré l’orage. Il n’arrivait pas à finir son histoire de playboy et d’amour à la sauvette. Il s’était engagé auprès de son éditeur à écrire un récit érotique qui ne lui procurait aucune satisfaction, il regrettait. Chez lui le cul était quelque chose de tangible, il lui fallait allier la vue et le toucher pour entrer en transe. Le fait de poser des mots n’excitait pas son imagination c’était une folie d’avoir accepter ce genre de choses.
Il eut aimé se conduire comme une abeille, butiner ici et là, les gens capables d’agir ainsi forçaient son admiration. Sa timidité l’abrutissait. Question d’éducation !
Plongé dans l’écriture pour raccommoder celui qu’il était et celui qu’il eut voulu être, il rassemblait les coutures, posait le vernis, inventait le héros qu’il rêvait d’être pour son propre plaisir et celui de ses lectrices. Il croquait dans l’imaginaire comme dans sa deuxième vie. Il s’était acheté un logiciel de mise en situation qui l’aidait en cas de besoin pour donner vie à ses histoires.
Le tonnerre grondait encore et les nuages se déversaient comme si c’était le début de l’apocalypse. Soudain l’ordinateur se mit a faire des étincelles et l’écran devint noir. Les ampoules claquèrent une à une, il entendit le clac caractéristique du compteur qui disjonctait et il regarda ébahi une petite flamme sortir de son unité centrale.
Décidément cette nouvelle lui portait malheur.
La liste des mots à utiliser et j’en ai laisser 2 en plan :
Feu, chocolat, pelote, courage, croquer, branche, pleurer, folie, logiciel, admiration, couture, s’évader, play-boy, abeille, clope, plaisir, raquer, tunes, caramel, articulations, céder, raccommoder, vernis, allumette, amour, courses, tonnerre .