Je reviendrai avec la pluie de Ichikawa Takuji (2)

« Voilà ce que je me suis dit quand Moi est morte.

Celui qui crée notre planète n’en a-t-il pas conçu une autre en même temps quelque part dans l’univers ?

La planète où vont les défunts.

La planète Archive. »

Le quatrième de couverture :

Depuis la mort de sa femme Mio, Takumi vit seul avec son fils Yûji, âgé de six ans. Il gère le quotidien et l’éducation de son fils du mieux qu’il peut. Une seule chose le fait tenir, la promesse faite par Mio qu’elle reviendrait avec la pluie. Le premier jour de la saison humide, cette promesse se réalise. Durant six semaines, le temps se suspend pour Mio et Takumi. En 2003, plus de trois millions de lecteurs japonais tombent amoureux de Je reviendrai avec la pluie. Suite à son immense succès, le livre a inspiré un film et une série télé encensés par la critique, ainsi qu’un manga sacré best-seller. Takuji Ichikawa défend une vision idéalisée de l’amour et met au service de cette histoire bouleversante une écriture d’une sensibilité rare, poétique et pleine de fantaisie.

L’auteur :

Né à Tokyo en 1962, Takuji Ichikawa est diplômé de l’université de Dokkyo. Je reviendrai avec la pluie, publié au japon en 2003, est son premier livre traduit en français.

Extraits ;

« Il faisait sombre dans la forêt. (..) Pas un oiseau ne chantait. Peut-être la trop grande mélancolie du ciel leur avait ôté les mots de la bouche.

Tout était calme.

(..) Alors la première goutte est tombée sur mon épaule, effleurant mon visage.

« Il commence à pleuvoir. »

L’averse à vite gagné en intensité (..) ayant décidé de retourner sur nos pas, j’ai appelé Yuji :

« Allez, on rentre. »

Mais il ne m’a pas entendu. (..) J’ai suivi la direction de son regard. (..) J’ai concentré de nouveau mon regard. C’est alors que j’ai soudain reconnu une silhouette familière.

Mes yeux ne me trompaient pas.

C’était Mio.

(..)Elle était accroupie devant la porte. Lentement j’ai baissé les yeux vers Yuji. Il m’a retourné mon regard. Il a écarquillé les yeux, la bouche grande ouverte.

Il m’a murmuré d’une voix minuscule, comme pour me confier un immense secret :

« C’est sérieux Tak-kun. »

Il a cligné furieusement des yeux, avec nervosité.

« Maman… a-t-il dit. Maman est revenue d’Archevie, finalement. »

Je ne dévoilerai rien de plus de ce magnifique livre qui parle d’amour et de désarroi pour un père et un fils qui ont perdu… puis retrouvé celle qu’ils aiment. Même si l’histoire peut sembler bien improbable, Ichikawa Takuji, a une belle manière de raconter le manque, l’absence de l’être cher.

C’est une fantastique histoire d’amour entre deux personnes qui se sont connues à l’école, qui n’ont compris, qu’une fois leurs études finies, qu’elles s’aimaient

Si ma façon d’en parler semble tellement évidente, leur histoire ne l’est pas tant que ça. Cette vie, ces vies, sont pleines d’écueils et lorsque tout fonctionne, enfin. La mort s’en mêle.

« J’avais beau savoir que j’étais « prompt à omettre des choses à retenir absolument » certains oublis étaient impardonnables. » Parce que si Mio est décédée, Tak-kun, lui est malade.

« La théorie selon laquelle elle était bel et bien en vie.

Je n’y crois pas.

Car alors, j’aurais veillé au chevet d’une autre, assisté à l’enterrement d’une autre, parlé sur la tombe d’une autre.

Je ne suis pas si stupide.

(..)C’était ce que je me disais tout en l’approchant pas à pas, mais l’idée qui m’est apparue comme la plus plausible était celle que cette femme qui se tenait devant mes yeux n’était autre que le spectre de mon épouse.

Car, comme elle me l’avait dit elle-même :

« Lorsque la saison des pluies sera de retour, je reviendrai sans faute voir comment vous vous débrouillez, tous les deux. »

Elle avait donc tenu sa promesse, en venant à notre rencontre, par une journée pluvieuse de juin. »

Pour ne pas recopier les 320 pages de ce livre, qui est un livre exceptionnel, je recopierai juste cette citation :

« S’il m’arrive de ne pas remarquer ce que je devrais remarquer, d’oublier ce que je devrais me rappeler, de me laisser gagner par la fatigue et de m’endormir sans accomplir ce que j’avais à faire, mais, en dépit de tout cela, je m’efforce de m’améliorer, petit à petit. » c’est ce qu’écrit Tak-kun à propos de lui.

Yuji dira à son père, parlant de sa mère : «  Tout le monde doit retourner d’où il vient à la fin. (..) Et ça, ça me donne envie de pleurer. »

Ce petit bonhomme de six ans est peut-être la seule personne avec la tête sur les épaules de ce beau roman.

Je n’espère que ce que j’en écris ici et , de cet ouvrage, vous donne le sentiment que c’est un livre triste qu’il faut lire, le mouchoir à la main. Non, c’est sûrement un message d’espoir bien que cette histoire apparemment abracadabranque ait une explication que monsieur Ichikawa nous dévoile dans son dernier chapitre.

Qu’en dire ? C’est un livre que je vous invite à lire s’il croise votre chemin et même à faire le détour pour qu’il y soit. Si chacun connait mon engouement pour la littérature japonaise et craint mon manque d’objectivité, alors allez lire ici le billet qui a provoqué ma lecture.

Un livre qui entre dans le challenge du dragon 2012 chez Catherine sur le blog la culture se partage     Voici un extrait du final dans le théâtre Nô par Ryoko Aoki, un moment magique.

17 réflexions au sujet de « Je reviendrai avec la pluie de Ichikawa Takuji (2) »

  1. HA ! Me revoilou ! Oui bon, je sais je ne l’ai pas encore acheté (à ma décharge je ne l’ai pas trouvé là où tu sais à un prix raisonnable) donc je l’ai programmé dans les achats de juillet ! Entre toi et MTG je suis convaincue, en plus tu nous en parles deux fois, c’est bon, j’ai compris ! 😆

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          1. Viii ! Mais il a emmené le portable qui s’est chopé un virus juste avant qu’il n’arrive ! Et le fixe étant « vieux » (d’après lui), on ne le transformera pas en cheval de course !!! 😆 J’attends le retour du portable vendredi (quand même !)… Il me manque (à mon dos aussi)…

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  2. Je n’ai pas encore relu de livres Japonais mais il y en a un à la maison dont j’ai oublié le titre , qui est en 3 tomes et qui est partout dans les librairies, peut être tu l’as déjà chroniqué ici d’ailleurs. Je sais qu’ici je pourrai trouver mon bonheur si je cherche un autre auteur Japonais mais il me faut des sentiments sinon je m’ennuie dans les livres…
    Je reviendrai avec la pluie est triste et très optimiste en même temps, je suis d’accord sur le mot espoir que tu utilises, c’est aussi l’acceptation du passage vers autre chose.
    J’ai apprécié également les explications de l’auteur sur l’écriture de ce livre et sa vie personnelle à la fin du livre…

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    1. Oui j’ai apprécié aussi les explications qu’il donne à la fin. Ce livre je l’ai beaucoup aimé et je l’achèterai sûrement, ne serait-ce que pour relire la lettre que Mio lui a laissé. Il trouvera sûrement place dans ma bibliothèque.
      La plupart des livres je les trouve dans les bibliothèques, ce qui permet de découvrir, de me tromper ou d’aimer sans bourse délier.
      Tu parles sans doute de Haruki Murakami et son livre 1Q84 dont le livre 3 est sorti le 1er mars et que je suis en train de lire. C’est un bon livre, j’ai fait une chronique pour les deux premiers livres sur mon blog. Cependant ce n’est pas son meilleur ouvrage, le plus beau est dans doute « Kafka sur le rivage ».
      Mais en dehors des livres il y a aussi un cinéma asiatique qui est parfois époustouflant.
      Bon je en vais pas te vanter l’Asie que j’aime au travers de sa culture mais que je ne connais pas du tout.

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  3. Moi mon bébé vient de sortir de mon stylo ou plutôt de chez l’imprimeur il est en vente depuis une semaine. Je l’ai baptisé « SANS TÊTE » je ne sais quelle sera sa vie, si je venais à dis paraitre son parrain Corseaire éditions veillera sur lui…

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  4. J’ai lu ce livre il y a deux mois, il est commenté sur mon blog dans la section « littérature japonaise ». Mon seul petit hic était que j’ai toujours un peu de mal avec l’apparation de « fantôme », d’entités mortes qui reviennent planer dans l’univers présent. Mais j’ai quand même réussi à aller au bout de tout ça pour apprécier à merveille de beau roman qui m’a profondément ému, touché au plus profond de moi. Quelle histoire touchante que celle de ce père qui veille sur son fils et sur les souvenirs de sa mère décédée. J’ai notamment aimé ce passage:

    « C’est comme une vaste bibliothèque, très calme, immaculée et bien ordonnée. En tout cas c’est un lieu immense, dont les bâtiments sont traversés par des corridors se déroulant à perte de vue. Les personnes qui ont quitté notre monde y mènent une vie paisible. Cette planète, si tu veux, c’est un peu comme le fin fond de notre cœur. »

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    1. Oui j’ai lu et vu que tu avais aussi chroniqué ce livre… Je n’aime pas non plus les histoires de fantôme et d’ailleurs je n’en lis pas mais ce livre est d’une beauté exceptionnelle qui ne peut laisser indifférent. Si, si j’ai lu des critiques critiques mais on ne peut plaire à tout le monde.
      AS-tu lu Yoko Ogawa ? Elle est pour moi le pendant féminin de mon cher Haruki Murakami même si elle moins dans l’irréel mais possède une écriture qui plait beaucoup. Plusieurs de ces livres sont regroupés dans un recueil de 900 pages qui regroupe dix années d’écriture.
      C’est un(e) écrivain(e) prolixe.

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