La conspiration (3)

Ce texte fait suite à  rue du pianiste ici et le vélo

Ils sont tous écrits dans le cadre de l’atelier une photo quelques mots chez bricabook, c’est ici   

Sarah avait les larmes aux yeux. Elle ressentait plein d’amour pour lui et pour une fois qu’elle le voyait abattu, elle allait pouvoir lui arracher des câlins.

— Mais c’est quoi cet argent ? lui demanda-t-il à la fois inquiet et ahuri.

Le regardant d’un sourire malicieux du coin des yeux, elle répondit :

— Je l’ai piqué dans l’armoire de maman.

Décontenancé, il se leva vivement, la retenant simplement pour ne pas qu’elle tombe mais le sac de billets valsa sur le carrelage du couloir. Il arpentait l’entrée d’un pas vif, en proie à ses réflexions. Il répéta comme hébété :

— Tu l’as piqué à maman ?

— Oui. Elle acquiesça sans se départir d’un sourire qui lui mangeait déjà la moitié du visage. Cependant elle continua laconiquement :

— J’veux pas que tu t’en ailles.

Pee Pol se mit à ânonner les paroles « Pourquoi ? Parce que je t’ai attendue beaucoup et que je t’ai cherchée partout… »  tout en singeant Michel Jonasz, en plaquant des accords sur un piano imaginaire.

— Si tu as volé cet argent, tu vas aller le remettre à sa place. C’est pas plus compliqué que ça.  

Elle fit mine de bouder, ramassant les billets un à un, tranquillement.

— On va aller voir ta mère tous les deux !

Elle hurla, comme prise en faute :

— Non. Non ! réussissant même à décrocher quelques larmes de crocodiles.

En fait, il n’avait pas l’intention de lui faire une leçon de morale, ce n’était pas dans ces cordes. Il voulait juste rendre cet argent à Anne-Do, sa mère. Il avait bien compris que la petite ferait tout pour qu’il reste.

— Donne-moi ce sac et viens.

Il grimpait déjà les marches quatre à quatre jusqu’au deuxième étage. Son ventre vide réclamait pitance, il n’y avait pas pensé aujourd’hui. Frappant vivement à la porte, il entendit :

— C’est ouvert.

Il entra dans cet appartement qu’il connaissait bien. Anne-Do était en train d’écrire sur la table ronde dans un coin de la pièce. Il s’approcha, la regardant dessiner avec sveltesse des lettres rondes au stylo bleu.

— Te gène pas, lui dit-elle.

— Je ne lisais pas, tu sais bien que je trouve ton écriture très jolie.

— Hum …

Lui tendant le sac en plastique, il fit simplement :

— tiens !

— Tu n’en veux pas ? questionna-t-elle sans lever la tête de la lettre qu’elle rédigeait.

— …

— Tout le quartier s’est démené pour te sauver la mise en attendant des jours meilleurs et monsieur fait le fier.

— Comment ça ? Sarah m’a dit qu’elle avait pris cet argent dans ton armoire.

— Ben oui ! Elle l’a pris là. Mais avant qu’il y soit on a tous fait la quête un peu partout pour toi. Hier soir aussi pendant que tu faisais ton récital sur le trottoir.

— Mais je ne m’en suis pas rendu compte, reconnu-t-il tandis que le feu lui montait aux joues devant cet élan de générosité. Comment vais-je faire pour remercier tout le monde ?

— La façon la plus simple c’est d’inviter tout le monde à tes prochains récitals.

— Mon carnet de bal est plutôt vide en ce moment.

— Vas au Balto tout de suite, la boite à pendules. Nina t’attend. Elle a assisté à ta prestation hier soir, elle a quelque chose à te proposer.

— C’est qui Nina ?

— Agent artistique. Elle est black, coupe afro avec des grands yeux toujours étonnés

— Tu la connais ?

— Pas plus que toi.

Sarah avec un grand sourire fredonnait « Je veux pas que tu t’en ailles, je vais casser les murs, casser les portes et tout bruler ici. »

      

22 réflexions au sujet de « La conspiration (3) »

  1. C’est du Jean-Charles comme j’aime, cet épisode-billet. Car il va y avoir une suite, c’est trop bien. Leiloona, choisis bien, pour que le p’tit gars de la Seine nous fasse encore monter la larme à l’oeil 😆
    Bisous

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    1. Je me demandais ce que tu allais marquer ici. Je croyais que tu préférais les bains de sang comme je fais chez Livvy. 😛
      On verra demain ce que notre hôte va nous dévoiler comme photo et si je peux l’adapter.
      Larme à l’oeil…euh !!! t’exagères !

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  2. Non, j’aime pas le sang, seulement quand il est cuit, genre boudin ou le sang de la poule passé à la poêle avec des herbes, hum, c’est délicieux… j’en mangeais à la ferme quand j’était petite et ça avait un nom que j’ai oublié…

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  3. Tiens, j’y pense, ça pourrait faire une idée de recette pour le challenge d’Aspho et de Syl ! tu vois, c’est pas compliqué de mettre le souk 😆

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      1. Woui Môsieur, moi je lis les blogs… si je lis pas de livres !
        Fais gaffe à ta poêle, ça va encore cramer…
        Beurkkk du sang chaud d’humain… ayé ton naturel revient au galop 😆
        Bon soir et à plus tard pour le mot chez Olivia

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      1. Je voulais juste dire qu’avant il était plus centré sur lui même et que là on se rend compte qu’il y a des gens qui tiennent à lui (et pas que la petite) 😉 d’où la sympathie 😉

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