L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années… Murakami

9782714456878Une fois encore Haruki Murakami sévit et ce pour mon plus grand plaisir. Je suis incapable d’écrire ou de décrire ce qui m’attire le plus de ses histoires, de son style ou de son écriture mais chaque fois je suis comme aspiré dans son monde jusqu’à ce que la dernière page soit refermée.

Cette fois-ci l’auteur nous entraîne dans les méandres du cerveau humain et son cheminement lorsqu’une succession d’évènements vient faire dérailler la machine.

Tsukuru l’incolore forme un groupe avec quatre autres de ses amis dans un lycée de Nagoya, deux garçons Akamatsu et Ômi surnommés respectivement rouge et bleu ainsi que deux filles Shirane dite blanche et Kurono dite noire. Ce groupe fonctionne comme une hydre à 5 têtes dans un fusion parfaite.

Mais Tsukuru est passionné par les gares et décide de suivre les cours d’une université de Tôkyô pour faire de sa passion son futur métier, architecte de gare. Pour ça, il doit quitter le groupe et Nagoya distante de 350 kilomètres. Il reviendra dans sa ville de naissance dés qu’il pourra, voir ses amis et sa famille.

Puis lorsqu’il revient à Nagoya pour quelques jours de repos, qu’il essaie de joindre ses amis par téléphone, personne ne lui répond. Il est subitement exclus du groupe sans qu’aucune raison ne lui soit évoquée et lui-même ne cherchera pas à savoir.

C’est ainsi que commence le livre : « Depuis le mois de juillet de sa deuxième année d’université, jusqu’au mois de janvier de l’année suivante, Tsukuru Tazaki vécut en pensant presque exclusivement à la mort. Son vingtième anniversaire survint durant cette période mais cette date n’eut pour lui aucune signification particulière. Pendant tout ce temps, il estima que le plus naturel et plus logique était qu’il mette un terme à son existence. Pourquoi donc, dans ce cas, n’accomplit-il pas le dernier pas… »

Son petit monde s’est écroulé, le microcosme dans lequel il vécut confortablement s’est brisé. Tsukuru ne sera plus jamais le même d’abord il vivra seul et aura bien du mal à se lier d’amitié avec quiconque, seul Haïda réussira à assouplir ses défenses. Ils se rencontreront à la piscine, ils écouteront « Les années de pèlerinage » de Franz Liszt par Lazar Berman puis Haïda disparaitra.

C’est Sara qui le conduit à prendre sa vie en mains, qui le pousse à avoir des réponses aux interrogations dont il ne connaît pas les réponses. C’est elle qui, deal en mains l’incite à reprendre contact avec ses amis, il doit panser ses blessures pour être enfin heureux.

Ce que va découvrir Tsukuru est déroutant.

Mon avis :

Je n’en pense que du bien de cette invitation au voyage à travers les années. Quelles que soient les circonstances est-ce que l’amitié, l’osmose peuvent être remises en question ?

Qu’il s’agisse de cet opus ou d’un autre Murakami pose toujours des questions sur la fragilité des sentiments. Les mots, la musique dont il enrubanne son intrigue sont des décors, des étapes indispensables à la pérégrination dans son monde particulier.

Je ne peux que vous inviter à cette lecture.

« Chaque homme possède une couleur. Elle forme un halo tout autour du corps et brille légèrement. » 

« Les hommes privés de liberté en viennent toujours à haïr quelqu’un. Tu ne crois pas? » 

 » Ne laisse pas échapper quelqu’un de précieux à cause de la peur ou d’un stupide orgueil. »   

Extraits de L’éléphant s’évapore de Haruki Murakami

Quelques extraits issus du livre L’éléphant s’évapore un recueil de nouvelles. Chez Haruki Murakami dans les recueils de nouvelles que j’ai lu, on retrouve souvent un chapitre d’un autre livre, ici Sommeil et Chroniques de l’oiseau à ressort.

Dans le premier recueil de nouvelles que j’ai lu, celui avec lequel j’ai abordé Murakami, on retrouvait déjà des nouvelles extraites de Kafka sur le rivage ou des Chroniques de l’oiseau à ressort, ouvrages que j’ai ensuite découverts. Lire la suite

Chroniques de l’oiseau à ressort de Haruki Murakami

Le chat de Toru Okada et de sa femme Kumiko a disparu. Comme Toru est au chômage, il a démissionné de son poste de documentaliste juridique, Kumiko lui demande de le rechercher. Noburu Wataya c’est le nom que Kumiko a donné à son chat, c’est avant tout le nom de son frère, qu’elle n’aime pas beaucoup et en qui elle trouve des ressemblances avec ce félidé. Si elle tient à ce chat c’est parce qu’il est le symbole de leur couple, à Toru et à elle, avec eux depuis le premier jour de leur vie commune.

Pourtant, un soir Kumiko ne rentrera pas à la maison en quittant son travail mais elle ne rentrera pas non plus les jours suivants. Elle ne donnera aucune nouvelle, ne sera plus joignable à son travail, l’armoire restera pleine de ses vêtements. Partie ! Lire la suite

1Q84 Livre 3 de Haruki Murakami

J’ai parlé ici du Livre 1 et 2.

Le début : « POURRIEZ-VOUS ABSTENIR DE FUMER, monsieur Ushikawa ? » dit l’homme le plus petit.

Ushikawa regarda un moment le visage de son interlocuteur qui lui faisait face de l’autre côté du bureau, puis ses yeux se reportèrent sur la cigarette Seven Stars qu’il tenait entre les doigts. Elle n’était pas allumée. Lire la suite

Sommeil de Haruki Murakami

« Après avoir vérifié que mon mari était endormi, je me rendais au salon, m’asseyais sur le canapé, buvais un verre de cognac et ouvrais un livre. La première semaine, je relus Anna Karénine trois fois de suite. Plus je lisais, plus je faisais de nouvelles découvertes. Ce long roman était plein d’énigmes et de nouveautés. Comme une série de boîtes, chaque monde en contenait un autre plus petit, et ainsi à l’infini. Et tous ensemble ces mondes formaient un univers entier, et cet univers était là, attendant d’être découvert par le lecteur. Autrefois, je n’en avais saisi qu’une infime partie. Mais aujourd’hui mon regard pénétrait clairement au travers, je voyais ce que Tolstoï avait voulu dire, ce qu’il voulait faire comprendre aux lecteurs, avec quelle efficacité il avait cristallisé son message sous forme d’un roman, et en quoi ce roman dépassait finalement l’écrivain lui-même. » Lire la suite

La course au mouton sauvage de Haruki Murakami

«  Dès le début, elle considérait qu’elle était un être inadapté à la société et que j’étais le contraire. Et chacun remplissait relativement bien son rôle. Mais, au moment où on pensait continuer sur ce modèle, quelque chose se brisa. Quelque chose d’infime sans doute, mais d’irréversible. On se retrouva dans une impasse, une impasse tranquille (…) Dans tous les cas c’était sans appel. « 

C’est ainsi que le narrateur et sa femme se séparent :

 » Le 24 juillet, huit heures vingt cinq du matin. «  remarque-t-il sur sa montre. Lire la suite