L’orphelin d’Anyang de Wang Chao

Yu Dagang apprend son licenciement, par haut-parleur, au beau milieu de la cantine alors qu’il vient de dépenser ses derniers 40 yuans en tickets. Stupéfait par l’annonce, il en laisse tomber son plat et se rend, sans déjeuner donc, au bureau du personnel pour toucher une indemnité de 1 000 yuans comme les trente autres personnes licenciées avec lui. Mais il doit 500 yuans, depuis six mois, à deux de ses collègues qui l’attendent devant l’usine. Il rembourse séance tenante bien évidemment !

En rentrant chez lui il n’a plus ni argent, ni travail.

À quarante ans, il est célibataire, sûrement un peu simple et s’endort avec la seule idée qu’il n’aura plus à aller au travail le lundi suivant.

Mais lorsqu’il se réveille le soir avec une faim qui le tenaille, il cherche l’endroit où il pourrait aller manger à cette heure-là. Seul le marchand qui vend des plats de nouilles, au marché, risque d’être encore ouvert. Après avoir monnayé ses tickets de cantine auprès de ses ex-collègues il peut s’offrir un plat.

Le marchand lui confie un bébé dans les bras pendant qu’il lui prépare une assiette. En discutant avec lui, Yu Dagang apprend qu’on vient de lui laisser cet encombrant fardeau. Comme il a déjà trois filles, qu’il paye des amendes pour ça, il n’a pas l’intention de le garder. En passant sa main sous la couverture Yu Dagang trouve un billet sur lequel est inscrit « Je vous en supplie, soyez charitable, gardez cet enfant. Chaque mois appelez le 620477788 bip 37579, vous recevrez deux cents yuans en échange. »

Sans travail, ni revenu, ce bébé est une aubaine pour lui. Mais il déchantera vite,  « Wang le cinquième » comme on le surnomme, c’est l’appellation qu’on donne  au vieux garçon, s’occuper d’un enfant n’est pas aussi simple surtout quand on ne sait pas.

Le lendemain il rencontre la mère de cet enfant prodige, qui n’est autre qu’une jeune fille du Nord-Est qui travaille comme prostituée dans un bordel local, Feng Yanli tel est son nom. Ce bébé est le fils de son souteneur Liu Side qui ne veut pas entendre parler de cet enfant jusqu’au jour où il apprend qu’un cancer du sang le ronge.

Si  Feng Yanli vend son corps c’est pour aider ses parents restés au village et ses deux frères encore étudiants.

Yu Dagang ouvre un petit commerce de réparation de vélos et les quelques 200 yuans que lui verse Feng Yanli ne lui sont plus utiles. Ce bébé ne représentant pour lui qu’un moyen de manger, il voudrait le rendre à sa mère, mais…

Tout petit roman de la collection Chine en poche (59 pages) j’ai pris ce livre à la bibliothèque parce qu’il me tendait les bras. C’est une immersion dans la Chine profonde avec les problèmes de survie face au chômage, à la pauvreté. Trois personnages assez misérables : un chômeur, une putain et un maquereau, presque caricaturaux pour montrer que la Chine qui monte a aussi son lot de laisser pour comptes. Paru en 2000 cet ouvrage a été adapté au cinéma et a été présenté en exclusivité au festival de Cannes de l’année 2001.

4ème de couve :

Trois vies, trois destins qui s’entremêlent, tous différents : une jeune prostituée, incapable de subvenir aux besoins de son bébé et qui décide de l’abandonner ; un ouvrier au chômage ; un gangster du cru… Expériences multiples où chacun essaie de survivre, à l’échelon le plus bas de la société chinoise d’aujourd’hui.

L’auteur :

Né en 1964, à Nankin, de parents ouvriers, Wang Chao travaille plusieurs années en usine avant d’entreprendre des études à l’Académie du film de Pékin, dont il sort diplômé en 1994. Il passe quelque temps dans la publicité, puis devient assistant-réalisateur de Chen Kaige. L’Orphelin d’Anyang, écrit en 2000, est son premier long métrage, sélectionné lors de la Quinzaine des Réalisateurs (Cannes 2001).

Il tournera ensuite d’autres films dont Voiture de luxe en 2006 et Memory of love en 2009.

Sur le tournage :

Film à tout petit budget, tourné en 16mm poussé à 35 mm, tourné avec des acteurs non professionnels, sans autorisation dans les rues de Hunan et pourtant une révélation au Festival de cannes.  

Lecture réalisé dans le cadre du challenge du dragon 2012 sur le blog la lecture se partage 

2 réflexions au sujet de « L’orphelin d’Anyang de Wang Chao »

  1. Très mélodramatique, mais sûrement intéressant, je ne connaissais pas.
    Tu es le premier à avoir terminé le challenge Dragon 2012, félicitations, et en 25 jours, waouh !
    Est-ce que tu passes en Dragon de feu ?

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    1. je ne connaissais pas ce bouquin mais j’avais vu les 2 films que je cite. Ma bibliothèque est très bien achalandée en littératures et films de cette région du monde, pour mon plus grand bonheur d’ailleurs.
      Oui je passe dans la catégorie supérieure j’ai sous le coude un livre chinois, un autre coréen et un audiolib japonais; 😛

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