Au zinc dingue

Voici les mots pour ces énièmes jeux d’écritures chez Olivia :  Idole – cocon – interminable – inavoué – permis (n.m.) – machine – chemise – voilure/voile – zinc – dogmatique – poursuite – foie – autorisation – écrire – souvenir – cyanure – palétuvier

Le temps semblait interminable, l’aiguille des minutes ne bougeait pas ou si lentement. La boule du flipper tintait, sonnait, pétaradait tandis que le score s’envolait miraculeusement, la machine faisait claquer les parties gagnantes alors que le joueur placide, les boutons de chemise dégrafés, attendait quelques applaudissements en récompense de son talent.

Dans cette ambiance délétère, ou se mêlait bruits et fumées de cigarettes, J’observais, fasciné. Le barman remplissant une à une les chopes de bière qu’il envoyait adroitement à chaque destinataire. J’étais captivé par le défilé de ces verres au faux col dans lequel j’avais envie de tremper mes lèvres.  

J’interceptais le ballet incessant, buvant au hasard, sans autorisation et reposant abruptement les bocks vides sur le zinc, tandis qu’une bourrade dans le dos me faisait recracher le trop plein que mon estomac refoulait. La bière était le cyanure que je me distillais à petites doses. Mon foie, à l’usure, était moins souple qu’une éponge et refoulait sa bile acide, moussante, à la commissure de mes lèvres.  

Il y a des années que j’avais hissé la voile vers les iles de L’Amertume, m’interrogeant sur la dogmatique humaine pour réfléchir à l’ombre de mes palétuviers imaginaires. Mes réflexions et mon éducation avaient fléchi lorsque mon idole était sortie de son cocon. Même ma plume aussi hardie fut-elle n’arrivait plus à écrire le débordement de mes pensées.

Elle était là, dans mon esprit, aussi pernicieuse que la boisson qui l’avait remplacée. Elle coulait dans mes veines, brulant mes sangs de son incandescence. 

Je l’aimais à en crever.

Juste un souvenir, noyé dans un vide sidéral que le houblon n’arrangeait pas. Chancelant, accroché au comptoir j’avais décidé de boire sans réfléchir, de me perdre définitivement. Le comptoir tournait d’un côté à l’autre, j’ignorais où je me trouvais. La béatitude de l’ivresse me gagnait.

Étais-je à la poursuite d’un plaisir inavoué ?

Le pendule au-dessus du bar indiquait toujours six heures ou peut-être midi et demi

25 réflexions au sujet de « Au zinc dingue »

  1. Coucou Jean-Charles,
    Ce matin, j’ai les idées claires pour lire ton billet !
    Tu devrais faire comme moi, te coucher tôt et te lever tôt pour écrire des billets plus gais 😆
    Bien vu, hélas, les mots coulent à flôt, mais l’amertume ne s’évapore pas comme la mousse…
    Bon we
    Et n’oublie pas que la vie est belle si on regarde un peu plus loin que le bout de notre nez…
    Bisous d’O.

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    1. Mais je crois qu’écrire le matin ne changerait rien 😀
      Le bout de mon nez me fait loucher mais j’ai moins de mal à voir le bout de… mes pieds bien sûr !
      Jusqu’à un litre de whisky par jour je gère Hic… tout va bien !!!! Enfin presque … Hihihi …
      .

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