La maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino

« Le téléphone a sonné chez moi. C’est ainsi que tout a commencé.

Dès que j’ai entendu sa voix, j’ai su qui c’était. »

C’était Sayaka. Elle et le narrateur se sont revus lors de la dernière réunion d’anciens élèves du lycée. Plus jeunes, ils sont restés six ans ensemble, partageant leur quotidien puis un jour elle lui a annoncé être amoureuse d’un autre garçon et l’a quitté, sans autre préambule. Il y a sept ans de cela.

Si elle lui téléphone c’est parce qu’elle veut qu’ils se rencontrent.

Dans le café où ils se donnent rendez-vous, Sayaka lui apprend qu’elle est mariée, qu’elle a petite fille qu’elle est incapable d’élever seule parce qu’elle lui fait subir des maltraitances, que son père est mort en lui laissant comme héritage une clé à tête de lion et un plan, sans autre explication.

Elle souhaite l’aide du narrateur pour retrouver ses souvenirs. En fait, Sayaka n’en a aucun d’avant ses cinq ans. « La maison où j’habitais, les gens de mon entourage, je ne me souviens de rien. Et je veux aller là-bas pour retrouver mes souvenirs. »

Elle est sûre que cette clé sera le sésame qui l’aidera à retrouver la mémoire et comprendre pourquoi elle se conduit ainsi avec sa fille.

Le narrateur n’est pas très enthousiaste, il lui faudrait partir une journée entière avec elle à Nagano et l’idée ne l’enchante guère. D’un autre côté, en y réfléchissant il ignorait cette perte de mémoire parce que l’histoire qu’ils avaient construites ensemble n’était qu’une succession de jours présents, et peut-être qu’il pouvait l’aider !

Ils iront ensemble à la montagne, au bord du lac, et ce qu’ils y découvriront n’est pas racontable, enfin le dire serait enlever du suspense.

Une fois dans la maison le narrateur dit : « j’eus l’impression que quelqu’un voulait m’empêcher de partir en me tirant par les cheveux. » ou encore : « Je croisai les bras, renonçant à chercher une explication rationnelle. »

Si Sayaka s’est adressée à lui, c’est parce qu’elle a lu l’article qu’il a publié sur la maltraitance, drame qu’elle vit avec sa fille que ses beaux parents lui ont retiré. Quant à son mari, lui il est en déplacement professionnel à l’étranger pour six mois.

Mais le but de ce voyage sera-t-il atteint, Sayaka retrouvera-t-elle les souvenirs de ces premières années ? Qui sont ces morts ? Qui est le père ? Pourquoi le grand-père est-il si dur ? Chami est-il le gentil chat qu’on pourrait supposer ? Pourquoi la maison est-elle à Nagano ?  Pourquoi la grand-mère est-elle au zoo avec une petite fille ? Mais qui est cette petite fille ?

Ce livre est entre polar et thriller, ces jeunes gens mènent l’enquête au fil des indices qu’ils mettent au jour et trouvent ce qu’on trouve dans chaque polar : des morts sur leur passage. Mais qui, où comment et pourquoi ? Les réponses s’enchaînent au fil des pages.

Ce livre est étonnant et ses 254 pages se lisent avec une facilité déconcertante. C’est une enquête à huis clos, un peu lente, dans laquelle les deux seuls personnages n’ont que leur esprit de déduction pour les aider à démêler une vérité pas facile à accepter. Et parfois ils se trompent parce qu’ils n’ont pas assez d’éléments pour que les choses s’ordonnent dans une logique implacable.

C’est une belle découverte que ce livre, l’enquête est originale, menée tranquillement et tambour battant. C’est bien écrit, très agréable à lire.

Le livre est publié au Japon en 1994 et chez Actes Sud dans la collection Actes noirs en 2010. Il a reçu cette année-là le prix polar international de Cognac.

Keigo Higashino l’auteur est  né à Osaka en 1958 et est considéré comme l’un des meilleurs auteurs de polars dans son pays.

 Le quatrième de couverture :

Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d’affaires absent, mère d’une fillette de trois ans qu’elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n’a aucun souvenir avant l’âge de cinq ans. Plus étrange encore, les albums de famille ne renferment aucune photo d’elle au berceau, faisant ses premiers pas… Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l’y accompagner. Ils découvrent une construction apparemment abandonnée. L’entrée a été condamnée. Toutes les horloges sont arrêtées à la même heure. Dans une chambre d’enfant, ils trouvent le journal intime d’un petit garçon et comprennent peu à peu que cette inquiétante demeure a été le théâtre d’événements tragiques… Keigo Higashino compose avec La Maison où je suis mort autrefois un roman étrange et obsédant. D’une écriture froide, sereine et lugubre comme la mort, il explore calmement les lancinantes lacunes de notre mémoire, la matière noire de nos vies, la part de mort déjà en nous.

 

L'étang de Kaeru

17 réflexions au sujet de « La maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino »

  1. Je l’ai lu il y a quelques temps, également dans le cadre d’un challenge polar (il faut que je me force un peu pour les romans policiers car ce n’est pas un genre vers lequel je me dirige spontanément) et je me souviens l’avoir bien aimé.
    Surtout parce que j’aime beaucoup les huis-clos.

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    1. J’au lu également le livre dont tu parles, ma chronique est dans les starting-block et j’ai mis en lien ton avis que j’ai trouvé sur le web :D. En ce moment Je lis un café maison du même auteur … fabuleux cet auteur ! 😀

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