Chroniques de l’oiseau à ressort de Haruki Murakami

Le chat de Toru Okada et de sa femme Kumiko a disparu. Comme Toru est au chômage, il a démissionné de son poste de documentaliste juridique, Kumiko lui demande de le rechercher. Noburu Wataya c’est le nom que Kumiko a donné à son chat, c’est avant tout le nom de son frère, qu’elle n’aime pas beaucoup et en qui elle trouve des ressemblances avec ce félidé. Si elle tient à ce chat c’est parce qu’il est le symbole de leur couple, à Toru et à elle, avec eux depuis le premier jour de leur vie commune.

Pourtant, un soir Kumiko ne rentrera pas à la maison en quittant son travail mais elle ne rentrera pas non plus les jours suivants. Elle ne donnera aucune nouvelle, ne sera plus joignable à son travail, l’armoire restera pleine de ses vêtements. Partie !

Puis, Noburu Wataya le frère, contactera  Toru Okada par l’intermédiaire de Malta Kano, une femme illuminée aux pouvoirs divinatoires, pour demander le divorce. Kumiko et Toru ne sont pas issus du même milieu social et la famille de sa femme n’a jamais cautionné leur mariage. Si Kumiko ne s’entend plus avec son père depuis la mort de sa sœur aînée, son frère, lui, est très bizarre. Alors que Nobura Wataya demande le divorce, en lieu et place de sa sœur Kumiko, Toru Okada trouve la démarche très étrange.

Le téléphone sonne, une femme propose à Toru de faire l’amour et le harcèle. Lorsqu’un peu plus tard, il rencontre Greta Kano, la sœur de Malta, il se demande si ce n’est pas elle la femme du téléphone. Mais avec elle, il fait l’amour dans son sommeil, se réveillant aussitôt après avoir éjaculé, alors qu’elle n’est pas là. La sensation est étrange, réelle.

La vie de Toru Okada à la recherche de son chat est une succession de rencontres insolites. En le cherchant au fond du jardin, il fait la connaissance de May Kasahara une jeune fille d’une quinzaine d’années, sa voisine, avec laquelle s’installe une relation ambigüe, la fille est fantasque, et vit un cauchemar; persuadée d’être responsable de la mort de son petit ami.

C’est en discutant avec May, dans son jardin, que la maison d’en face attire son attention. Une maison dans laquelle des évènements monstrueux se sont déroulés et qui font froid dans le dos. D’ailleurs la maison est vide depuis longtemps et personne, pour rien au monde, ne voudrait y habiter. Mais au fond du jardin il y a un puits dans lequel Toru s’isolera, en quête de vérité, de réflexion. Être seul, serait-ce pour retrouver les sensations décrites par le Lieutenant Mamiya ?

Seul avec soi-même !

Est-ce que Toru Okada retrouvera le chat Noburu Wataya ?

Est-ce que Toru Okada retrouvera sa femme Kumiko ?

847 pages à lire. 847 pages entre fiction et réalité. 847 pages en musique. 847 pages de bonheur.

Un livre simple à lire, aussi passionnant que Kafka sur le rivage ou La ballade de l’impossible, aussi irréel qu’IQ84.

Comme dans chaque opus d’Haruki Murakami la musique est importante. Comme à chaque fois les personnages sont pittoresques et comme à chaque fois l’auteur nous livre une part de sa culture. En toile de fond une certaine guerre avec la Russie, des japonais prêts à mourir pour leur patrie et puis l’isolement, cette façon de se mettre en péril, de se défier, à la recherche de soi, du Graal philosophique.

Un livre pour le moins extraordinaire, une fiction très agréable à lire, de laquelle je n’avais pas envie de tourner la dernière page pour vivre encore au fond du puits avec l’auteur.

 Quelques phrases par ci, par là

« Notre expérience nous fait croire que l’image renvoyée dans le miroir est la bonne,

« Il y a des choses, tu sais, qui deviennent fausses dès qu’on en parle » 

« Parfois la curiosité peut révéler le courage enfoui, le stimuler. Mais je pense que la curiosité disparaît rapidement, tandis que le courage doit parcourir une longue route. La curiosité c’est comme un ami avec qui on se sent bien mais à qui on ne peut pas » se fier. Elle peut t’inciter à faire des choses mais en temps voulu elle disparaît. Et alors tu es obligé de rassembler ton courage pour continuer.

La couverture

Un chat égaré, une inconnue jouant de ses charmes au téléphone, des évènements anodins suffisent à faire basculer la vie d’un jeune chômeur, Toru Okada, dans un tourbillon d’aventures. L’espace limité de son quotidien devient le théâtre d’une quête sans cesse renouvelée où rêves, réminiscences et réalités se confondent. Aucune frontière, physique ou symbolique, ne résiste à l’effervescence des questionnements qui s’enchaînent au rythme de rencontres déroutantes, chacune porteuse d’un secret, d’une fragilité propre. Haruki Murakami tente de nous donner à voir la part d’ombre des choses et des êtres. Replaçant la méditation bouddhique dans la violence contemporaine du japon ou d’ailleurs, il se propose d’explorer nos ténèbres intérieures. Sans se départir d’un humour où perce la détresse, il emmène le lecteur dans un monde fantastique où, toujours plus fuyante, la réalité n’en devient que plus envoûtante.

Un livre de plus pour le challenge du dragon 2012 chez Catherine.

Cliquer sur l’image pour suivre le lien chez Catherine

6 réflexions au sujet de « Chroniques de l’oiseau à ressort de Haruki Murakami »

  1. Encore 3 livres à lire (dont celui qui est en cours (« Petites infamies »)) et je pourrai savourer le livre que tu nous présentes ici. En tout cas, j’ai dévoré ta chronique !!! Merci

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