Le journal de mon père de Jirô Taniguchi

Une fois n’est pas coutume c’est un album de bande dessinée que je vais présenter ici. En fait, depuis quelques temps j’essaie de me plonger dans les mangas sans grand succès. Mais à force de persévérance, on y arrive.

Cette BD m’a tenu en haleine pendant prés de 280 pages. Le dessin en noir et blanc est simple, épuré, très agréable. Un niveau de contraste assez intéressant donne l’atmosphère, et le sujet en plus d’être captivant, incite à la réflexion. .

L’histoire est en flash-back jusqu’à l’enterrement de Takeshi le père de Yoïchi. Lors de la veillée funèbre chacun parle du défunt et raconte les souvenirs qu’il a partagés avec le disparu. Jusqu’à là rien de bien original sauf si la découverte d’éléments ignorés jusqu’à là provoque une prise de conscience et conduit à la tristesse.

Yoichi, le fils, a toujours estimé que son père était le principal responsable de ses ennuis, en l’occurrence, le principal responsable du départ de sa mère. Car Ryoko, sa mère, les a laissés, lui et sa sœur Haruko pour aller vivre dans une ville voisine avec l’instituteur de sa fille. Non que Ryoko voulut abandonner ses enfants, mais Takeshi l’avait contrainte à lui laisser les enfants le temps qu’elle s’installe. Pourquoi ce divorce ? Parce que depuis le grand incendie des années 1950 qui ravageât tout une ville au Japon, Takeshi perdit et sa maison et son salon de coiffure. Tenu d’emprunter pour reconstruire, pour honorer ses dettes, Takeshi s’oblige à travailler chaque jour, sans relâche. Pour le confort des siens et pour ne pas perdre la face, il mettra sa vie de couple en péril.

Haruko l’aînée est en colère contre sa mère et soutient son père dans cette séparation difficile. Yoïchi plus jeune, ne comprenant pas pourquoi sa mère est absente, en rejette la faute sur son géniteur. Il apprendra plus tard que sa sœur, bêtement, lui a caché les cartes postales que sa mère envoyait chaque semaine.

Voici le fil de ce roman en images, car il s’agit presque de cela.

Un livre bourré de tendresse, d’amour qui démontre que parfois il faut contourner certaines épreuves avant de s’en apercevoir. Yoïchi se bat contre ce qu’il est. En fait, il découvre après l’incinération de son père qu’il est aussi entêté que lui. Il découvre que celui qu’il n’aimait pas était un homme bon et respectable. Il découvre qu’avec les années, il lui ressemble de plus en plus tant au physique qu’au caractère, ce constant est-il aussi simple à admettre ? Il découvre que cet endroit, sa ville natale qu’il a fui, les traces oubliées de son enfance, lui manquaient

Jirö Tanigushi nous explique en postface qu’il a vécu ce genre de situation, si cette œuvre n’est pas entièrement autobiographique, elle repose sur sa propre expérience.

C’est donc un bd pour adulte, si l’occasion se présente et si la peur d’affronter ses propres démons ne fait pas barrage, un livre à lire.

Jirô Taniguchi est né en 1947 à Tottori au Japon, d’un père coiffeur et d’une mère femme de ménage. De santé fragile, il passe du temps à dessiner et à écrire ce qui le conduit inévitablement à créer ses propres histoires.

Sa carrière débute en 197O, il fut récompensé pour cet ouvrage datant de 1994. Récemment il a adapté le roman Les années douces d’Hiromi Kawakami dont j’ai parlé ici.

Le quatrième de couverture : Moi qui n’étais pas revenu dans ma ville natale depuis plus de dix ans, je découvrais peu à peu de facettes de mon père qui m’étaient inconnues. Je prenais conscience du fossé que j’avais creusé pour échapper à tout dialogue avec lui.

Lecture qui entre dans le Challenge du dragon 2012 sur le blog : La culture se partage

3 réflexions au sujet de « Le journal de mon père de Jirô Taniguchi »

  1. Tu as bien fait de me mettre le lien je n’ai pas eu la news de ton billet !!! Les mangas je n’y arrive pas !! Je n’ai pas du tomber sur de bonnes histoires, je note celle-ci, si je la vois en biblio (j’y retourne en septembre^^)… Tu es prêt à tout pour ne pas sortir du Japon !!! 😆

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    1. non pas du tout.. J’avais depuis longtemps tenté de lire des mangas sans y parvenir… donc il me fallait persévérer. Je lis Haruki Murakami en ce moment et je crois que j’aurai pratiquement tout lu,son oeuvre, à une exception prêt. J’ai beaucoup de plaisir à lire les auteurs japonais pourquoi m’en priverai-je ?

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