Ma vie de geisha de Mineko Iwasaki

Quatrième de couverture :

Mon nom est Mineko. Ce n’est pas le nom que mon père m’a donné à ma naissance. C’est celui qu’ont choisi les femmes chargées de faire de moi une geisha, dans le respect de la tradition millénaire. Je veux raconter ici le monde des fleurs et des saules, celui du quartier de Gion. Chaque geisha est telle une fleur par sa beauté particulière et tel un saule, arbre gracieux, souple et résistant. On a dit de moi que j’étais la plus grande geisha de ma génération ; en tout cas j’ai frayé avec les puissants et les nobles. Et pourtant, ce destin était trop contraignant à mes yeux. Je veux vous raconter ce qu’est la vraie vie d’une geisha, soumise aux exigences les plus folles et récompensée par la gloire. Je veux briser un silence vieux de trois cents ans.

Le livre débute par ces quelques mots :

« Dans mon pays, le Japon, il existe des quartiers consacrés aux arts du divertissement et au plaisir esthétique, où vivent et travaillent des artistes à la formation d’une impeccable rigueur. On les appelle les karyukai.

Karyukai signifie « monde des fleurs et des saules », car si la geisha est une fleur parmi les fleurs, elle possède aussi la grâce, la souplesse et la force d’un saule. » 

 

Masako de par son père est issue d’une lignée de régents de l’empereur depuis cinquante générations, Masako est la huitième enfant et la quatrième fille de ses parents. Elle adore son père auquel elle voue une admiration sans borne.

De par la tradition au Japon, s’occuper de ses parents est normal. Le père de Masako subvient financièrement aux siens et leurs verse une partie de ses gains. Alors pour nourrir sa nombreuse famille il est obligé de placer, contre rémunération, deux de ses aînées à l’okiya Iwasaki. L’okiya est l’école dans laquelle on enseigne l’art de devenir geisha.

Tata Oïma, la patronne de la prestigieuse okiya Iwasaki a remarqué Masako, elle pressent chez elle, celle qui lui succédera à la tête de l’établissement. À force de ténacité, elle obtient ce qu’elle souhaite.

« Au japon, depuis toujours, les enfants destinés à une carrière artistique commencent officiellement leur formation le 6 juin de leur sixième année (6-6-6) »

Masako découvre la danse ce jour-là et à force de travail devient une remarquable danseuse.

Mais pour vivre à l’okya et devenir une vraie geisha, Masako Tanaka, de son nom de naissance, doit vivre, appartenir à sa nouvelle famille et, abandonner ses parents. Dès lors elle s’appellera Mineko et Isawaki du nom de l’illustre okiya. C’est au tribunal alors qu’elle a à peine dix ans que le juge lui pose la question. « J’avais pris ma décision mais, quand même, j’avais l’impression de m’arracher les mots de la bouche. Je me sentais coupable de la peine que j’infligeais à mes parents.  Ma réponse avait été dictée par mon amour de la danse. C’était ce qui avait fait pencher la balance en faveur des Iwasaki. La danse. La passion de ma vie. Il était inconcevable pour moi de l’abandonner.

Je sortis de la salle du tribunal entre mes parents, cramponnée à leurs mains, tellement torturée par le sentiment de les avoir trahis que je n’osais même pas les regarder. Je pleurais. Du coin de l’œil, je voyais qu’eux aussi avaient les joues mouillées. »

Dès lors Mineko franchit toutes les étapes. Maiko à 15 ans, puis geiko à 20. Danseuse exceptionnelle, elle se produit dans les ochayas les plus réputées, les hommes d’affaires, artistes, ceux qui sont suffisamment riches pour s’offrir ses services, la réclament.

La geisha touche des sommes importantes qui font vivre l’okiya. Dans celle-ci gravitent bon nombre d’employées, cuisinières, habilleuses ainsi que la maîtresse du lieu, toutes entretenues par ces revenus. Il faut aussi former les futures geishas payer les écoles de danse, de musique…

Mineko a tout appris et travaille sans relâche. Puis elle tombe amoureuse d’un acteur à qui elle fera l’offrande de son corps.

L’inconvénient de la vie dans une okiya, c’est la répartition des taches, et la plus belle et la plus talentueuse des geishas, lorsqu’elle sort de chez elle, ne sait ni faire à manger, ni faire les courses, ni rendre la monnaie, ce qui dans la vie de tous les jours est un inconcevable, mais la danseuse devra s’en arranger.

Fatiguée, lasse et malade elle arrêtera ce métier à 29 ans.

mon avis

C’est un livre riche en enseignements sur une vie bien particulière que j’ai lu avec un plaisir non dissimulé. Les 280 pages (Editions Michel Laffont) se tournent au fil de l’apprentissage de cette enfant-femme au statut de geiko (geisha).

Inutile de préciser que cette lecture m’a plu. Mineko nous fait pénétrer dans une culture qu’elle décode à notre intention.

Le livre Geisha d’Arthur Golden (à l’origine du film de Rob Marshall) a été écrit après les entretiens qu’il eut avec Mineko Iwasaki et à la condition qu’elle ne soit pas citée dans le livre. Hors elle le fut, ce qui lui valut bien des ennuis, jusqu’à des menaces de mort pour avoir dévoiler des secrets d’un monde bien hermétique.

Non content de cela Arthur Golden a ajouté du sexe, et principalement la vente aux enchères de la virginité de la jeune maiko, ce qui souleva de vives protestations au Japon, jamais dans le quartier de Gion virginité ne fut vendue.

Le soi-disant puritanisme américain ne renonce à rien pour quelques dollars : c’est bankable dit-on.

Voilà pourquoi Mineko Iwasaki, dernière geisha de Gion-Kobu à Kyoto a publié ses mémoires, pour rétablir la vérité.

Être une geisha, c’est avant tout être une danseuse, une musicienne, et divertir les hommes avec son art.

Lecture faire dans le cadre du challenge du dragon 2012  : 

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8 réflexions au sujet de « Ma vie de geisha de Mineko Iwasaki »

  1. J’ai vu le film je pense mais l’univers dont tu parles ne m’est pas étranger ! Sa vie n’a pas été longue… Très beau billet et si je tombe sur le livre (faire en sorte qu’il me tombe entre les mains^^), je le lirais avec plaisir ! 🙂

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  2. Ha : Au fait ta bannière est très…suggestive ! Plus douce que « l’halluciné » aussi !!! 😆 Et très jolie… Nouvel avatar, dis-moi c’est le printemps (même si on ne le sent pas) qui te fait faire le nettoyage du même nom ? 🙂

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    1. Laisse-toi tenter… C’est le film sans sexe. Et pour avoir rencontré les grands de ce monde Mineko raconte une ou deux anecdotes concernant la mauvaise conduite de la reine d’Angleterre et du prince Charles pourtant tant férus de protocole.

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