Serpents et piercings de Hitomi Kanehara

Lui, c’est ainsi qu’elle s’appelle est une baby girl de 19 ans qui rencontre un punk de 18 ans. Ils ne savent pas grand-chose l’un de l’autre et vivent le temps présent. Il s’appelle Ama et pour rigoler, dira se nommer Deus mais on y pense déjà en lisant.

Le livre commence ainsi :

– Tu sais ce qu’est une langue fourchue ?

– Une langue fendue en deux ?

– Oui comme la langue d’un serpent ou d’un lézard ( …)

Il a enlevé la cigarette d’entre ses lèvres et tiré la langue. L’extrémité en était clairement fendue en deux (…)

– ouah…

Ç’a été ma première rencontre avec une langue fourchue.

– Pourquoi t’essaierais pas toi aussi ? fit-il.

Elle décide donc de le faire aussi. C’est un acte douloureux ! Il faut d’abord se faire percer la langue puis se faire poser des clous. D’abord un clou de calibre 14 puis au fil du temps remplacer par des clous de 12, 10 ainsi de suite jusqu’à 00, et là enfin se sectionner la langue avec un scalpel. Ça fait mal !

Lui, est une dure à cuire. Elle supporte la douleur en silence. C’est Shiba le tatoueur qui lui percera la langue. Et c’est chez lui qu’elle décidera de se faire tatouer un kirin dans le dos.

Ama est possessif, jaloux et l’aime à sa façon. Lui, découvrira qu’elle l’aime aussi mais le trompera avec Shiba. Shiba est sadique et Lui sûrement masochiste. Il l’entraînera dans une relation sexuelle violente que jamais elle ne refusera.

Shiba veut l’épouser, Ama l’aime. Tous les deux sont capables de tuer pour elle.

Ce livre est séduisant, ce qui ne veut pas dire pour autant que c’est un excellent livre. Dès le début, on entre dans un monde qu’on ne connait pas forcément, dur où

alcool et violence coulent à flots, où l’on fait l’amour comme on fume une cigarette.

Lui fait l’expérience d’un monde qu’elle ne connait pas, ce n’est pas son milieu ni ces fréquentations habituelles. Si elle s’appelle Lui, c’est un clin d’œil à Louis Vuitton.

Ce qui est étrange c’est la description de cette relation instantanée sans chercher à connaitre l’autre, l’attrait de la fascination peut-être !

Est-ce qu’aujourd’hui la relation entre les gens est si superficielle que passé et futur sont sans intérêt ?

Vous l’aurez compris, sexe, alcool, piercings et tatouages sont les ingrédients de ce livre qu’on peut lire à l’occasion mais qui n’est pas incontournable.

Ama dit un jour : « Je ne laisserai jamais personne te tuer. Pas même toi. Si tu décides de te suicider, il faudra me laisser m’en occuper. Je ne supporterai jamais que quelqu’un d’autre que moi détermine ton sort. »

Elle pensera : « Je me suis demandé si l’on pouvait considérer ma métamorphose comme une insulte à un dieu quelconque, ou un acte de pur égoïsme. J’ai pensé que ma vie n’incluait aucune possession, aucun lien émotionnel, aucune haine. Et je me suis demandé si mon tatouage, ma langue fourchue, mon avenir n’étaient pas vides de sens. »

À propos de Shiba elle écrira ; «  Quelques secondes plus tard il m’a semblé que ces doigts et son pénis étaient partout. Ils me sondaient, m’aiguillonnaient, me faisaient gémir et grimacer de douleur et de plaisir. J’avais l’impression que chaque fois que nous baisions ensemble, ses doigts gagnaient en violence. C’était sans doute un signe de sa passion, pensais-je, mais s’il continuait ainsi, un de ces quatre il finirait par me tuer. »

 L’auteure à 20 ans en 2003 lorsqu’elle publiera ce roman. Récompensé du prestigieux prix Akutagawa ce livre sera vendu à plus de deux millions d’exemplaires  au Japon.

Sur la couverture on peut lire :

Dans la nuit zébrée de néons des ruelles interlopes de Tokyo, une jeune fille de 19 ans traîne son mal de vivre et son envie de transgresser tous les tabous. Lorsqu’elle tombe amoureuse d’Ama, jeune punk qui la fascine, c’est un monde qui s’ouvre à elle – celui des piercings, des tatouages, de la chair marquée, entre violence et désir.

 (lien en cliquant sur le logo)

* Le prix Akutagawa récompense deux fois par an des nouvelles et des courts romans. Le gagnant reçoit une montres et 7 000€.

Parmi les auteurs que j’ai lus l’ont reçu :Seichō Matsumoto, Ryu Murakami,  Hiromi Kawakami, Hitonari Tsuji, Shuichi Yoshida et Risa Wataya.

6 réflexions au sujet de « Serpents et piercings de Hitomi Kanehara »

  1. Tu vois je t’avais dit que ce challenge était pour toi ! Mais il faut le dire à la fin de ton billet avec le lien vers chez Catherine hein ! Quand même, où as-tu la tête encore ??? 😀 Cela dit, ce livre ne me tente pas du tout ! Tu en parles très bien, parfait même mais pas en ce moment ! Trouve-moi des auteurs et des livres japonais (autres que les Murakami) qui font rêver… 😆

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    1. Oui j’avais oublié le lien…merci 😛 J’ai fini ce billet tard et j’étais fatigué quand je l’ai passé. Ce n’est pas une lecture incontournable et ce prix semble être décerné à de jeunes auteurs. J’ai lu que la demoiselle ne fréquentait pas ce milieu et qu’elle avait fait ses recherches sur internet pour écrire ce livre.
      Des livres japonais que tu pourrais aimer ? Je pense à Le bouddha blanc d’Hitonari tsuji et Parfum de glace de Yoko Ogawa que j’ai chroniqué ici et que tu peux trouver dans mes listes d’auteurs. 😀

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  2. Merci pour cette note de lecture, Jean-Charles (je vois qu’Asphodèle t’a encore embêté, rires).
    Tu en parles bien de ce roman, mais je ne suis pas du tout attirée par la littérature trash (même japonaise ou chinoise).
    Quand même ce roman a sa place dans le challenge ; bonne continuation et à bientôt.

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    1. Je ne suis pas non plus très attiré par ce genre de choses. Cependant trois choses ont joué pour que je lise ce livre. La première, que ce soit le premier livre d’une jeune auteure japonaise primée. La deuxième, qu’il soit relativement court (160 pages) et la troisième, pour faire une incursion dans un univers que je ne connais pas avec la possibilité de me dire, si l’ouvrage est trop dérangeant, que l’action se situe à des milliers de kilomètres de chez moi.
      Et l’argument qui fait pencher la balance, est que ce livre je l’ai trouvé à la médiathèque de chez moi, donc sans risque ni regret de faire un mauvais achat. Cet avantage indéniable me permet de lire, découvrir, des auteurs vers lesquels je ne serai peut-être jamais allé.
      À bientôt.

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