Violence

poignard– C’est bien la dernière fois que j’te donne du fric pour faire des conneries, hurle-t-il.
– T’as rien compris comme d’habitude . Ton fric je m’en bats les… il ne me sert qu’à aider les autres. T’es qu’un con jette-t-il à la face de son père.
– En fait, ma générosité te permet d’aider ceux qui nous tirent dessus dans les lieux publics.
– Papa t’es trop con !
– Je le sais. Depuis des années tu me le répètes. Dis-moi pourquoi ta femme porte le niqab ?
– Rien à voir papa c’est la religion.
– Notre religion est le christianisme si tu te souviens.
– T’as loupé une marche père, c’est fini ce temps-là.
– Es-tu en train de me dire que Notre-Dame de Paris est la plus plus grande Mosquée d’Europe ?
– Oui !
– Es-tu en train de me dire qu’un cierge est comme une kalash ?
– Oui !
– Vas-tu partir en Syrie ?
– Sûrement.
– Nom de Dieu, arrête tes conneries. T’ai-je aussi mal élevé ?
– Il ne s’agit pas de ça. Le salut passe par l’Islam maintenant.
– Tu lis quoi p’tit con ? Comment tu peux penser ça ? Tu as réduits ta femme à un sexe en la déguisant ainsi, cette robe et ce visage masqué.
– T’es trop con père. Je préserve son sexe en cachant ses formes.
– Tu l’obliges. T’as jamais bandé au lycée, en fac en matant les filles.
– Justement, c’est pour éviter cela.
– Et ta femme porte un string sous sa robe ?
Serge, rebaptisé Kamal, s’est jeté sur son père, le point menaçant prêt à le frapper. Le jeune homme à le visage déformé par la rage, il tient son père au col, l’étouffant presque.
– Vas-y, harangue son père, vas-y cogne.
L’étreinte se desserre. La main lâche son cou. Le fils lui tourne le dos.
Il n’a jamais vu un tel regard. Il a vu une telle haine dans ses yeux noirs, perçants. Il a compris qu’il aurait pu être un de ses bras armés du Bataclan. Son fils n’est plus son fils, il vient de le réaliser. Il dit d’une voix monocorde :
– Je ne veux plus te voir jamais.
– Moi non plus rétorque le fils.
– Je vais te signaler aux Renseignements Généraux pour qu’ils te mettent les bâtons dans les roues.
Le fils se retourne, le gifle avec violence, arrachant ses lunettes d’un revers de main, lunettes qu’il écrase en marchant volontairement dessus.
– Tu n’es qu’un porc. T’es devenu un animal. Je serais courageux je devrais te tuer pour t’empêcher de faire le mal. Je sens que tu vas tuer.
Le fils lève la main pour gifler son père de nouveau mais le mouvement reste suspendu, il le regarde d’un air hagard. Le sang s’écoule de son ventre.
– Je préfère aller en prison plutôt que tu fasses des conneries. Je t’ai donné la vie et je m’autorise à la reprendre. Essaie d’être heureux ailleurs.
Le fils s’affaisse. Le père l’accompagne…

La consigne des Impromptus cette semaine est

« C’est bien la dernière fois que… »

Nous l’avons si souvent prononcée cette phrase dans toutes sortes de circonstances.
C’est bien la dernière fois que je te prête de l’argent…
C’est bien la dernière fois que je reçois ta famille …
C’est bien la dernière fois que tu m’infliges ton amie Huguette…

Ces mots lancés avec colère, détermination ou ironie féroce sonnent comme un avertissement.

Mais avons- nous exécuté notre menace ou bien avons-nous piteusement continué à subir ?
Racontez-nous une de vos dernières fois qui a eu une issue heureuse ou inattendue.

10 réflexions au sujet de « Violence »

  1. Oser le dire, c’est déjà un exploit.
    Difficile de dénoncer un état de fait aussi terrible sans être aussitôt taxé de toutes sortes de noms en « -isme…»

    Et pourtant, quel drame de voir son enfant sombrer dans cette incompréhensible violence …
    Bravo pour ce texte qui claque les consciences.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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