La ballade de l’impossible, le film.

Ce film entre dans le cadre de l’année du dragon chez Catherine sur son blog.

Après avoir lu le livre de Haruki Murakami : La ballade de l’impossible, il me fallait voir à tout prix le film sorti en 2010. J’attendais impatiemment l’occasion de le pirater (chut!). Profitant de la canicule, j’ai enfin vu ce film en l’empruntant.Le synopsis :

Tokyo, fin des années 60. Kizuki, le meilleur ami de Watanabe, s’est suicidé. Watanabe quitte alors Kobe et s’installe à Tokyo pour commencer ses études universitaires. Alors qu’un peu partout, les étudiants se révoltent contre les institutions, la vie de Watanabe est, elle aussi, bouleversée quand il retrouve Naoko, ancienne petite amie de Kizuki. Fragile et repliée sur elle-même, Naoko n’a pas encore surmonté la mort de Kizuki. Watanabe et Naoko passent les dimanches ensemble et le soir de l’anniversaire des 20 ans de Naoko, ils font l’amour. Mais le lendemain, elle disparaît sans laisser de traces. Watanabe semble alors mettre sa vie en suspension depuis la perte inexplicable de ce premier amour. Lorsqu’enfin il reçoit une lettre de Naoko, il vient à peine de rencontrer Midori, belle, drôle et vive qui ne demande qu’à lui offrir son amour.

Le trailer :

Murakami a écrit un bouquin extrêmement fort, extrêmement émouvant. Ce fut le deuxième de ces ouvrages que je lisais et celui-ci est un livre que j’ai autant aimé que Kafka sur le rivage.

Sachant que le réalisateur du film éponyme, était un Vietnamien, que le film était tourné au Japon entièrement en décors naturels, avec des acteurs japonais, j’avais une grande confiance dans la qualité de ce film.

Je n’ai pas été déçu. Le film est fidèle. Les acteurs sont excellents. L’image est magnifique. La musique est bonne.

Je n’ai pas ressenti la même émotion que lors de ma lecture mais c’est géant…

Tran Anh Hung, le réalisateur, est vietnamien d’origine et français d’adoption (1975), il ne parle pas le japonais c’était une des difficultés du film. Haruki Murakami était d’accord pour la transposition de son roman à l’occidental mais Tran Anh Hung tenait à ce que le film soit tourné au Japon.

Naoko est interprétée par Rinko Kikuchi qui a presque imposé au réalisateur de visionner son casting. C’est une actrice fabuleuse qui sait faire passer énormément de choses dans son visage comme dans son jeu.

Naoko et Watanabe

Kenichi Matsuyama est entré dans le rôle de Watanabe. Il est omniprésent dans presque toutes les scènes puisque le livre est écrit à la première personne du singulier. J’ai d’abord été surpris, nul autre que Murakami ne pouvait avoir ce rôle.

Kiko Mizuara est entrée dans le personnage de Kizuki. Cette actrice débutante, c’était son premier rôle, crève l’écran tellement elle est belle et spontanée. C’était osé de confier le troisième rôle du film à quelqu’un qui n’avait jamais tourné, pari réussi.

Kizuki

Quelques extraits du livre du livre :

« Quand j’ouvris les yeux, j’eus l’impression de vivre la suite de mon rêve. La pièce baignait dans la lumière blafarde de la lune. Je me mis instinctivement à la recherche des oiseaux métalliques sur le sol, mais il n’y en avait pas, bien sûr. Seule Naoko, assise toute droite au pied de mon lit, regardait dehors. Elle avait posé son menton sur ses genoux repliés, comme un enfant affamé. Je cherchai des yeux la montre que j’avais posée à mon chevet, pour vérifier l’heure, mais je ne la trouvais pas à l’endroit où elle était supposée être. D’après le clair de lune, je présumai qu’il devait être deux ou trois heures du matin. J’avais la gorge très sèche, mais je décidai d’observer Naoko sans bouger. Comme tout à l’heure, elle portait une sorte de robe de chambre bleue, et ses cheveux étaient retenus sur le côté par sa barrette en forme de papillon. Je pus ainsi voir très nettement son joli front éclairé par la lune. Je trouvais cela curieux. Avant de dormir, elle avait enlevé sa barrette.
Elle restait immobile dans la même position. Elle ressemblait à un petit animal nocturne attiré par le clair de lune. L’ombre de ses lèvres était amplifiée par l’angle du rayon de lune. Cette ombre qui semblait si fragile tremblotait au rythme de son cœur. Comme si ses lèvres chuchotaient des mots inaudibles à l’adresse des ténèbres.
J’avalai ma salive pour essayer de rafraîchir ma gorge desséchée et le bruit que je fis résonna fortement dans le calme de la nuit. Alors, comme répondant à un signal, Naoko se releva et vint s’agenouiller sur le sol à mon chevet, dans un léger froissement de tissu, pour me regarder dans les yeux. Je lui rendis son regard, mais ses yeux ne me parlaient pas. Ses prunelles étaient d’une limpidité presque artificielle, et j’eus l’impression que je pourrais peut-être apercevoir l’autre monde à travers elles, mais j’eus beau regarder, je ne vis rien. Nos deux visages étaient éloignés d’à peine trente centimètres, mais il me semblait qu’elle se trouvait à des années-lumière de moi. »

Pourtant, les souvenirs s’éloignent infailliblement, et j’ai déjà oublié pas mal de choses. Alors que j’écris ces lignes en essayant de me remémorer les faits, il m’arrive parfois d’être pris de panique. C’est parce que je réalise que c’est peut être le plus important que j’ai oublié. Je me demande s’il n’y a pas à l’intérieur de mon corps un endroit sombre, une contrée lointaine où mes souvenirs les plus importants s’entassent pour donner de la vase.
Mais quoi qu’il en soit, c’est tout ce dont je dispose actuellement. Ces souvenirs incomplets et flous, qui s’estompent de jour en jour, je les serre très fort contre moi et je les exploite à fond pour continuer d’écrire ces lignes, car je n’ai aucun autre moyen de tenir la promesse que j’ai faite à Naoko.

18 réflexions au sujet de « La ballade de l’impossible, le film. »

    1. J’en crevais d’envie depuis longtemps. Ce film n’a fait que 60 000 entrées ici. Je te le conseille. vivement.
      Je viens de découvrir que Soie le livre de Barroco a été adapté au cinéma il y a quelques années.

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  1. Juste une petite réflexion sur le piratage/ Les auteurs dont je suis ne travaillent pas pour l’argent étant donné l’étroitesse des revenus. Même si une diffusion de leur travail se fait de façon « illégale » ils devraient donc être satisfaits. Pourtant moralement ce n’est pas juste, à ce compte les métiers connexes finiront par disparaître et au final les auteurs eux-mêmes…

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    1. Je vous l’accorde monsieur. Cependant si vous m’avez bien lu je ne l’ai pas piraté ni celui-ci ni un autre. Par ailleurs, si des supports de vidéos très connus, ne font pas la police et autorisent la publication de films quels qu’ils soient, doit-on condamner ceux qui les regardent ?
      90% des ouvrages que je lis, proviennent de la médiathèque, je me les procure gratuitement, est’ce moral aussi ?
      Les hauts fourneaux, les mines ont été fermées, mettant des milliers de gens au chômage, est-ce moral ?
      Des gens crèvent sur les trottoirs parce qu’ils n’ont plus rien, est’ce moral ?
      Chacun défend sa paroisse, Est-ce que les pratiques tarifaires des grands éditeurs qui se sont tournés vers l’internet sont des pratiques morales ?
      C’est aussi ma réflexion sur le piratage et la moralité.

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  2. Grâce à toi, j’ai visionné le film…j’ai aimé…mais il me manque un petit quelque chose…peut être parce que peu de jours avant et dans un autre genre, j’ai regardé « Air Doll », qui lui m’a transcendée… de toutes les manières c’est merci, oui grand merci d’en avoir parlé ici !

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    1. J’ai aussi vu « air doll » que je chroniquerai incessamment sous peu et que j’ai adoré. As-tu lu Murakami Haruki ? Parce que si tu as aimé le film il est tiré d’un livre fabuleux que je te conseille vivement.

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        1. Oui je comprends je n’ai pas aimé non plus mais il est loin de figurer parmi ses meilleurs livres, je te conseille vivement Kafka sur le rivage si tu as l’occasion de le lire, c’est à mon avis le meilleur de ses livres avec La ballade de l’impossible.

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                    1. Je suis content qu’il te plaise 😀 c’est un bouquin que j’ai fait découvrir à beaucoup de personnes, mon plus bel exploit a été de le faire lire à deux japonaises de Tokyo dont l’une l’a lu dans les deux langues. Bonne lecture et plongé dans le monde de Murakami on oublie parfois ses propres soucis.

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