Ru de Kim Thuy

ruRu, c’est l’histoire des boat-people ou plutôt celle des Vietnamiens du sud, de Saïgon (Hô Chih Minh) que les vietnamiens du Nord (communistes) ont envahi et dépouillé de tout leur biens.

D’une famille aisée, l’auteure, a pu acheter son passage en bateau dans des conditions douloureuses pour se retrouver en camp de réfugiés à Singapour, où elle restera un long moment avant d’arriver à Québec.

D’abord c’est un livre original dans sa conception, la version que j’ai lue est semble-t-il une version pour les bibliothèques avec une couverture rigide dans les tons bleus représentant une femme de dos portant le chapeau conique si particulier au Vietnam. La disposition du texte est peu courante, les pages ne sont pas écrites jusqu’en bas.

Pour revenir au livre, l’auteure est issue d’un milieu aisé mais dépouillée de tous ses biens par les vietnamiens du nord après le départ des américains.

Le sud du Viet Nam était pro-américain tandis que le nord avec ses frontières mitoyennes avec la Chine, était communiste, aujourd’hui le Viet Nam est un pays socialiste gouverné par le secrétaire général du parti communiste (parti unique) dont les pouvoirs sont supérieurs à ceux l’Assemblée nationale élus par le peuple, quand au Président de la République il n’a qu’un rôle symbolique.

Donc le livre raconte cet après-guerre, cette fuite en bateau pour parvenir à la liberté et cette reconstruction à Québec.

Si le livre est bien écrit, il m’a manqué un côté trash du boat-people, il m’a manqué le côté hard de la vie à Saïgon après l’arrivée des troupes communistes du nord. Il m’a manqué le côté immonde du camp de réfugiés à Singapour. J’aurai voulu pleurer, avoir les tripes serrées mais ça n’a pas été le cas.

Le problème de ce livre, biographique sûrement, est le choix de l’écriture qui fait que tout est en survol, esquissé, joliment écrit. On est presque dans la poésie et il m’a manqué le bruit des armes, l’odeur de la poudre, la trouille qui fait qu’on s’oublie parfois.

J’ai eu le sentiment que l’auteure voulait raconter sans dire. Peut-être sont-ce des souvenirs trop difficiles à confier.

La couverture :

Une femme voyage à travers le désordre des souvenirs : l’enfance dans sa cage d’or à Saigon, l’arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d’un bateau au large du golfe de Siam, l’internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la paix, ru dit le vide et le trop-plein, l’égarement et la beauté. De ce tumulte, des incidents tragi-comiques, des objets ordinaires émergent comme autant de repères d’un parcours. En évoquant un bracelet en acrylique rempli de diamants, des bols bleus cerclés d’argent ou la puissance d’une odeur d’assouplissant, Kim Thúy restitue le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui avec la maîtrise d’un grand écrivain.

Quelques extraits :

« Ma mère se fâchait souvent de me voir aussi effacée. Elle me disait que je devais sortir de l’ombre, travailler sur mes reliefs pour que la lumière puisse s’y refléter. »

« Petite je croyais que la guerre et la paix étaient deux antonymes. Et pourtant, j’ai vécu dans la paix pendant que le Vietnam était en feu, et j’ai eu connaissance de la guerre seulement après que le Vietnam eut rangé ses armes. Je crois que la guerre et la paix sont des amies et qu’elles se moquent de nous. »

« Chaque cadeau que nous nous offrions était réellement un cadeau car il n’était jamais futile. En fait, chaque cadeau était réellement un cadeau puisqu’il provenait d’abord et avant tout d’un sacrifice et était la réponse à un besoin. »

J’ai lu ce livre dans le cadre des lectures communes de Laure sur son blog : ma danse du monde 

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Et puis une de mes dernières lectures pour le Challenge du dragon su le blog la culture se partage 

ChallengeDragonEau

23 réflexions au sujet de « Ru de Kim Thuy »

  1. Alors tu vois moi c’est justement ce côté tout en pudeur que j’ai aimé, car même si il est parfois en retenue cela donne encore plus ce sentiment d’horreur. J’ai trouvé que d’autre fois c’était très dur, dans les sentiments évoqués ou cachés. On se rend bien compte à mon avis de la dureté et de l’épreuve qu’à pu être cette guerre, cet exil. C’est justement cette poésie mêlée à la tragédie de ce genre de réalité qui donne pour moi un écho douloureux.
    Et pourquoi vouloir du trash ? C’est bien masculin ça ! 😆
    Je suis ravie d’avoir partagée cette lecture avec toi même si tu ne l’as a priori pas appréciée autant que moi 😉
    Bises Jean-Charles 😀

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    1. Heureusement que tout le monde ne ressent pas les choses de la même façon, moi il m’a manqué un je ne sais quoi. Je ne regrette pas cette lecture en tout cas même si elle ne m’a pas enthousiasmé.
      J’ai lu un autre livre vietnamien en même temps et j’ai le même ressenti, trop de poésie qui me décale de la réalité.

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  2. Je note ce livre,(mais pour plus tard, j’ai envie de plus de légèreté en ce moment) intéressant ton avis très différent de celui de Laure
    Très bel extrait sur la guerre et la paix
    Bon week end 😉

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    1. N’est-ce pas ! Généralement les avis sont plus favorables que les miens, sans doute que je ne suis pas rentré dans cette lecture.
      J’ai un peu de mal en ce moment avec les livres justement, pour quatre que je viens de lire un seul m’a plu.

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  3. Cette histoire c’est celle de milliers de Vietnamiens et aujourd’hui encore on en parle peu…
    D’après ce que tu en dis, la façon dont l’auteure a raconté son histoire c’est typiquement le type de récit pudique vietnamien. Les textes sont forme de poème aussi…
    Peut-être qu’au départ, ce livre s’adressait à des Vietnamiens ?
    Maïeva Voyage

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    1. Oui tu as raison Maeva, la pudeur vietnamienne qui fait que j’ai un peu de mal. J’ai lu aussi « Au-delà des illusions » de Duong THu Huong et j’ai rencontré le même problème.
      Mais je persévérai ne t’inquiète pas.

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  4. Ah… Ru… Quel beau livre n’est-ce pas? Kim Thuy est une amie personnelle, je suis donc très peu objective. Mais objectivement parlant, elle est excellente quand même (mdr)! Et surtout, c’est une femme profondément humaine, extraordinaire. Je l’adore…
    Si tu as envie de venir sur mon blog, voici les coordonnées:
    http://www.lamarreedesmots.com/
    Nom d’utilisateur: Nadine
    Mot de passe: 54321
    Bonne journée
    Nadine

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    1. Takuji Ichakawa que tu lis en ce moment est une livre que j’ai adoré https://hisvelles.wordpress.com/2012/05/30/je-reviendrai-avec-la-pluie-de-ichikawa-takuji-2/ j’aime ces univers entre fiction et réalité et cette œuvre m’a fait penser à Haruki Murakami dont j’ai dévoré les opus un à un.
      Quelle chance de connaître Kim Thuy !
      En ce qui concerne l’Asie j’en résumerai mon approche comme ceci : J’aime la littérature japonaise, le cinéma coréen et les filles vietnamiennes. 😉

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      1. Dès ce soir, heure du Québec, il me faut revoir les catégories de mon blog. Kim Thuy est classée dans la littérature québécoise puisque c’est ainsi qu’elle se considère le plus. Mais le fond d’un pays natal demeure à jamais. Je vais donc créer littérature vietnamienne, haïtienne etc…
        P.s.: je te comprends en ce qui me concerne j’ai un faire pour les japonais 🙂

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        1. Je faisais comme ça aussi pendant un temps puis j’ai tout changé considérant qu’il était plus facile de regrouper par genre, asiatique, européenne…
          Comment se fait-il que ton blog fonctionne par code d’accès ?

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          1. Pour le moment j’ai préféré fournir un code d’accès et l’offrir à certaines personnes. En fait j’ai eu un harceleur sur internet et je veux l’éviter. Mais tout reviendra à la normale dès que possible.

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  5. Je reviens ici… Kim serait fière de savoir qu’elle figure sous ta rubrique « Canada ». Je le lui dirai, peut-être viendra-t-elle ici?

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