Confidence

C’est par hasard que je viens d’apprendre une vérité qui me déstabilise, au cours d’un repas convivial chez mon frère aîné. Dire que je me suis effondré est à des années lumières de la réalité. À ce moment-là penser que je pourrais vivre avec ce secret de polichinelle m’a semblé impossible.

À savoir que jusqu’alors j’étais le seul de la fratrie à l’ignorer et que bien entendu j’étais concerné au premier chef. Un froid glacial m’a saisi et je me mis à frissonner alors que la température oscillait autour de 29° Celsius.

J’appris avec beaucoup de tact que j’étais un bâtard et que mes cinq frères et sœurs n’étaient que mes demi-frères et sœurs.

Un choc violent comme si j’avais combattu contre Cassius Clay ou pire comme si j’étais tombé du 56ème étage de la Tour Montparnasse.

Savoir :

– Que mon père n’était pas mon père, ce qui en soit n’a pas tant d’importance mais explique le fait qu’il me prît pour son souffre-douleur.

– Que ma mère ait fauté, ce qui ne me regarde pas sauf à faire de moi un paria, me semble impardonnable.

– Que mon géniteur n’ait pas pris garde alors qu’il était lui-même médecin de famille est inexcusable.

Qu’ils soient morts les uns les autres ne justifient pas mon pardon, les silences ont des limites.

Mes frères et sœurs n’ont compris qu’au fil du temps et déduit cela par recoupements ou cachotteries auxquelles ils assistèrent inconsciemment. Le non-dit étant une règle dans toute la famille malgré les phrases cinglantes que mes oncles ou tantes assénaient.

Je vivais dans mon monde, soixante-huitard dans l’âme, je reniais tout et militais pour la fin de la guerre au Vietnam. Les repas familiaux m’ennuyaient, je ne pensais qu’au Napalm que ces putains d’américains déversaient au Vietnam pour exercer leur suprématie.

Je voulais combattre.

Mais aujourd’hui ma guerre n’est-elle que le prix du silence ?

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