Nos profs

Le thème de la semaine : Tous nous avons eu un(e) ou des professeur(e)s, une ou des maitresses (ou maîtres) d’école qui nous ont profondément marqués.
Cette semaine, nous vous proposons de nous parler d’elles ou d’eux. De nous dire ce qu’elles, ou ils, vous ont apporté (ou vous ont atterrés, apeurés ou faits rire).

autocollant-mural-dessin-professeur-sexy-5346Il s’appelait monsieur Dupont, elle mademoiselle Fuentes. Il était professeur de Physique-Chimie et elle professeure d’Espagnol en seconde langue au collège.
Officiellement ils n’étaient pas ensemble et ne portaient d’ailleurs pas le même nom. Monsieur Dupont était plus âgé qu’elle, dans les 42 ans tandis qu’elle n’avait peut-être que 34 ans. Officieusement ils partageaient la même vie. Je crois que le directeur de l’établissement était parfaitement au courant et fermait les yeux sur cette situation inhabituelle à la fin des années soixante.
Mademoiselle Fuentes était belle, plutôt souriante, sympathique et dotée d’une poitrine généreuse, du haut de nos 14 ans nous étions fiers d’elle, sûrement un peu amoureux et peut-être ravis d’avoir avec elle des moments qui échappaient à monsieur Dupont. En tout cas moi, je l’étais.
À cette époque le collège ouvrait ses portes à 8h30 jusqu’à 18h le soir. À cette époque le jour de repos était le jeudi. À cette époque nous avions cours le samedi matin, de 8h30 à 11h30 quelle que soit la classe que nous fréquentions.
J’étais un élève quelconque à la fois turbulent et sage. Un de ceux à qui on ne discutait pas le radiateur, parfois agitateur.
La seule chose qui m’intéressait était la gymnastique et mademoiselle Fuentes. Je rêvais d’elle tout éveillé. Des sensations nouvelles et incontrôlées secouaient mon corps comme des décharges électriques, me surprenant.
J’étais populaire parmi mes camarades collégiens d’abord par ma constitution physique, j’étais sportif et le sport était la seule discipline qui méritait mon attention. À côté de ça, je pratiquais la natation, le hand-ball, le tennis de table et la gymnastique.
Toutes ces activités canalisaient sans doute mes ardeurs mais mademoiselle Fuentes me rendait fou. Je me sentais ivre d’elle et détestais monsieur Dupont jour après jour.
Les cours de physique ne me passionnaient pas. Je cherchais comment attirer l’attention de mademoiselle Fuentes et faire de l’ombre à monsieur Dupont.
Sportif monsieur Dupont nous convia à venir à la piscine avec lui le samedi après-midi. Je sautai sur l’occasion, sûr d’y trouver aussi mademoiselle Fuentes en petite tenue agréable. Une occasion inespérée que je ne pouvais rater. J’étais en transe rien que d’y penser.
Malheureusement, elle n’était pas là. Il me fallut faire contre mauvaise fortune bon cœur.
À ces parties une vingtaine d’élèves participait, Mises à l’eau, plongeons, courses de vitesse monsieur Dupont nous écrabouillait de toute sa puissance. Il était très athlétique. Ma gêne et mes prétentions redoublèrent. Je n’étais pas à la hauteur. Et ce constat me mettait en colère. J’espérais chaque samedi la présence de mademoiselle Fuentes, certain qu’elle me donnerait les ailes pour battre monsieur Dupont sur son propre terrain.
Je passais mes samedis après-midis avec l’homme que je détestais le plus au monde, celui à qui je me frottais violemment pour être plus proche de celle qui hantait mes jours et mes nuits insomniaques.
Je retenais mes larmes, ma cupidité m’incriminait, me fustigeait.
Mademoiselle Fuentes me rendit service alors que je n’écoutais plus le cours. Je rêvais d’elle impunément. Elle était ma Justine des Infortunes de la vertu que je lisais chaque nuit à la faveur de ma lampe électrique. J’étais adossé au radiateur dans une position qui trahissait mes émois. Monique comme je l’appelais intimement, s’énerva. Elle me colla pour le samedi suivant. De 2h à 4h. J’étais heureux mais pour la braver, je dis
– C’est pas possible le samedi après-midi je vais à la piscine avec monsieur Dupont le professeur de Physique.
Elle rétorqua simplement :
– C’est pas plus compliqué que ça tu n’iras pas.  C’est tout !
– Mais c’est possible ça, hurlais-je un peu trop fort.
– Puisque que tu le prends comme ça, tu viendras deux samedi de suite. Donne-moi ton cahier de correspondance, ordonna-t-elle.
J’étais enchanté, radieux, enfin j’allais partagé quelque chose avec elle. Mon corps battat la chamade. Une sensation nouvelle, intense venait de me saisir. J’étais mal à l’aise ou trop désireux.
Le samedi suivant je savourai ma victoire, j’étais seul avec elle. Assise à son bureau elle corrigeait les devoirs de la semaine. Au fond de la classe, près de mon radiateur fétiche, je m’escrimais à faire les exercices qu’elle m’avait donnés. Je voulais lui montrer de quoi j’étais capable. Je m’interrompais pour jeter des regard furtifs sur elle.
Au fur et à mesure qu’elle s’approchait de moi, je me décomposais. J’avais le feu aux joues, mes mains tremblaient.
Elle me dit :
– Si tu crois que je n’ai pas compris ton petit manège tu te trompes.

8 réflexions au sujet de « Nos profs »

  1. Les émois adolescents pour la belle prof, oh comme c’est bien raconté tout ça…
    J’ai hâte de connaître la suite de cette aventure pour le moins haletante…
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Hehe ! De suite il n’y en a pas vraiment, elle m’a fait comprendre que j’étais un enfant, qu’elle était amoureuse de Pierrot Dupont et que je regarde plutôt les jeunes filles de mon âge.
      J’ai arrêté d’être collé et j’ai continué la piscine avec le prof et les copains.
      Bises.

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  2. et c’est comme ça que certains enseignants se retrouvent dans des positions plus qu’inconfortables ! Vilain garçon ! Il devait y avoir, parmi tes camarades de classe, une jeune fille qui ne rêvait que de toi ! Imagine comme elle a dû être malheureuse de savoir qu’elle ne faisait pas le poids ! Je me souviens très bien et avec beaucoup de respect de monsieur Pichon, prof d’histoire et géo. Mon grand frère était passé avant moi dans ses rangs, il était brillant et j’ai dû surmonter ma paresse pour essayer d’atteindre l’inaccessible étoile ! Grrr… J’avais un 14, monsieur Pichon me disait : votre frère aurait eu 18 ! Grr.. j’ai presque touché le Graal lorsque je suis revenue avec le 1er accessit en histoire et une pile de livres, à la maison. Mon grand frère était très fier de sa petite soeur même si lui, était un habitué des prix d’excellence ! Grr.. Mais c’était il y a bien longtemps, je suis contente d’avoir lu ton texte, ça m’a permis de me rappeler ces bons souvenirs.

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    1. Non personne n’était amoureux parmi mes camarades de classe, pour la simple raison que le collège n’était pas mixte. De toute façon, les filles et moi, c’est une longue histoire impossibles. 😀
      Très bien si cela t’a rappelé des souvenirs.
      😉

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