Fragment d’aujourd’hui raconté en poésie 131/365

Je pense tu penses il pense
Il raconte J’écris
Il dit dans sa tête des mots qui ne sortent pas de sa bouche
Le chapeau bien vissé pour éviter de perdre ses idées les yeux plongés dans L’éternité il rêve de demain Il rêve d’être heureux
C’est quoi être heureux hurle l’artiste
Il s’encrasse les poumons pour paraître
Parce que son père fumait il fume
Sans réfléchir par mimétisme
À la porte de ses illusions
il dresse ses plans
Être heureux c’est l’argent rien d’autre
Une fille une femme à aimer il n’en n’a nul besoin
L’argent l’achète
L’argent achète aussi le regard que les autres portent sur lui
Il aime sentir la convoitise
Ce qu’il vend les fera crever
Et pourtant ils viendront quémander 
Un crédit une rallonge quelque chose de plus fort
Pour oublier qu’ils sont presque morts
Le rêve
La bonne santé la nouvelle année
Ils n’y penseront pas
Tandis que lui avec l’argent qu’il leur a arraché
Il fera la fête
Le champagne dans une main l’autre sur une chute de reins
Elle non plus ne sait pas
Que l’argent qu’il lui donnera
Sent le cadavre la pourriture
Je pense tu penses il pense
Il raconte J’écris
Il dit dans sa tête des mots qui ne sortent pas de sa bouche
Le chapeau bien vissé pour éviter de perdre ses idées les yeux plongés dans L’éternité il rêve de demain Il rêve d’être heureux
C’est quoi être heureux hurle l’artiste
Il nargue le dos tourné aux murs de la prison
Qu’il rejoindra sans doute pour quelques heures
Ses prisons pleines de gens comme lui
Des soldats de la mort
Des rats des rues
Prêts à sauter à la gorge du presque mort
Pour lui voler son dernier denier
Lui extirper son ultime expiration
Le melon sur la tête
Il règne sur son charnier
La bave au coin des lèvres
En comptant son pognon
Il ne l’a jamais vu celle
Qui vient lui demander sa dose
Sans se poser de question il propose
Mais la lame qu’elle
Lui plante dans les tripes
L’ébahit
Il ignore qu’il a déjà tué ses frères son amant
Son chapeau tombe
Lorsqu’elle tourne la lame dans ses tripes
Lui souhaitant Bonne année en Enfer
Les yeux ouverts éberlué
Il regarde sans comprendre
Le sang tâcher ses billets
Elle rit comme une folle
Une coupe de champagne à la main
Elle veut oublier ses mains sur ses reins
Elle a tout fait pour le retrouver
Le liquider
L’homme au chapeau
Elle est fière d’avoir vengé
Ceux qu’elle aimait
Elle pense nous pensons vous pensez
Ils racontent Elle écrit
Elle dit tout haut des mots qu’elle a du mal à retenir
Elle piétine le chapeau dévissé comme on piétine le raisin
C’est quoi être heureux hurle l’artiste

 

thin-man

J’ai repris un texte que j’aime beaucoup écrit en décembre 2012, pour ce réel.

Écrit sur le vif : Non repris sur mon blog
Ok Pas plus de 100 mots : oui oui oui !
Élément réel de la journée : Non
Suivi de la consigne : Hein ?

Il s’agit d’exercices de style proposés par Raymond Queneau, à savoir écrire un texte chaque jour commençant par « Aujourd’hui » avec un thème que l’on trouve ici. Les consignes sont assez simples; il faut écrire sur le vif, pas plus de cent mots, le texte doit être vrai et suivre la thématique.

Ils participent : La jument verte, Destinée de pacotilles, Litter’auteurs, Un esprit sain dans un corps sage, Les mots autographes, Les lectures d’asphodèle, Les mots de la fin , Des mots et des images, Passion Culture, Rebecca Zartarian-Arabian, Celestine, Prudence Petitpas, Celestine

8 réflexions au sujet de « Fragment d’aujourd’hui raconté en poésie 131/365 »

  1. Je ne sais pas comment tu fais, je n’arrive pas à « être fière » de mes textes : contente tout au plus mais fière, non ! je dois manquer d’ego comme dirait certaine (qui parle beaucoup d’ego^^)… Et puis, il arrive aussi que j’oublie complètement mes textes après coup… Rares sont ceux dont je me souvienne vraiment, ou alors en les relisant, bien sûr ! 😉 Bisous

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    1. Oui il y a des textes dont je suis fier effectivement et parfois je me dis mais c’est toi qui as écrit ça, tu es vraiment bon parfois. J’ai peut-être un ego très prononcé. 😉

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