Je ne suis pas ce qu’on fait de mieux dans le genre humain mais je m’assume et je vis en accord avec moi-même. Les erreurs je les collectionne et jamais je ne dirai c’est la faute à…
Je suis fataliste, c’est comme ça.
Le fric, je le gagne à ma façon, je vends du crack mais contrairement à l’alcool ou au tabac qui tuent aussi, ce que je vends est illégal. On me surnomme Nick le bitume, le bitume parce que je l’arpente du matin au soir et Nick parce que je suis prêt à filer du plaisir à qui le réclame.
Quand j’étais petit ma mère m’abreuvait de proverbes et je m’en rappelle que d’un seul : « La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux. » J’y ai beaucoup réfléchi depuis et j’y pense chaque matin lorsque je me réveille.
Carotte, ma rivale, tape l’asphalte comme moi, dans la rue c’est marche ou crève, elle est mon ennemie le jour mais de temps en temps la nuit, elle partage mon squat. La vie c’est comme les échecs, un jour on joue avec les pions blancs, un jour avec les noirs. Si on la surnomme Carotte, ce n’est pas à cause de la couleur de ses cheveux, c’est plus intime, pas très subtil j’en conviens mais c’est sa marque de fabrique. De son corps Carotte fait comme avec la vie, elle en abuse et collectionne les amants comme les bigotes collectionnent les chapelets mais confidence pour confidence, si Carotte est un garçon manqué elle a un cul à faire se damner un saint
Évidemment sillonner le trottoir comme ça n’est pas sans conséquence. Les jours où je suis plein d’oseille, je deviens la proie. La rue c’est quand même pas la joie. Il y a des yeux partout qui surveillent, des rapaces prêts à se nourrir de charognes. J’ai accepté les risques il y a longtemps déjà, je n’ai plus le choix. Comme au jeu il faut duper pour déstabiliser son adversaire, ça marche ou pas. Quand je perds, c’est le fiasco, je me fais dépouiller et tabasser à mort. L’hôpital devient alors mon havre de paix, on me répare, on me bichonne, on me lave le cerveau espérant que j’ai la sagesse de faire autre chose de ma vie.
Ce que je fais n’est pas de tout repos, il n’y a pas d’assurance vieillesse et j’en suis conscient. Comment fait-on pour en arriver là ? Il y a toujours une main secourable, prête à offrir le Paradis quand tu es au trente sixième-dessous. Le fric, l’argent facile, la belle caisse, les fringues de marque, ton petit boulot te donne tout ça, absolument tout et même plus. Parfois tu récoltes la prison mais ça c’est une histoire, on en reparlera peut-être un jour.
les mots à utiliser : sagesse – proverbe – absolument – subtil – vieillesse – ennemie – adversaire – jeu – échecs – fiasco – erreur – accepter – joie – plaisir – offr
Beau texte, et c’est très fort de l’avoir écrit à la première personne.
Tu vends de la détresse et de la tristesse, et si tu sais que tu risques la prison, arrête tout et redeviens plus sage
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décrire un salopard attachant, c’est drôle à faire ! 😉
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J’aime bien toute la réflexion qui va autour, celui-là a les yeux ouverts, lucide, et fataliste.
De la sagesse en quelque sorte.
Bravo pour ce texte bien tourné.
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De la sagesse mais j’en suis pétri 😉
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Ouais, bon, pas très moral, tout ça! Bravo pour cette « révélation ».
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Moralité et moi, quel conflit ! 😀
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Rock and roll tes héros collés à l’asphalte! C’est fort. Sirop, sirop, c’est vite dit, je vois un truc plus musclé là. Une boisson d’homme comme dirait l’autre.
A part ça, j’ai cru que tu parlais de toi jusqu’au 59° mot.
Bises célestes
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Je vais compter les mots pour savoir où tu as chuté. Confidentiellement j’étais enfant de cœur et pas loubard et heureusement mes drogues furent juste les mots. Je me suis shooté aux mots de Léo, de Jean, de Georges. Maintenant j’écluse du dur, des Crozes et des Vinsobres qui me ruinent. Mais rien ne fait autant de bien que tes bises. Et puis suis content de voir que tu n’as pas lâché. Bises Celes’teen. 😉
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Oh bon sang! Crozes et Vinsobres. Tu me parles, là. Et un petit Saint Joseph de derrière les fagots, toi qui aimes le bon?
Damned…
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En fait la rue c’est une petite Société, une grande ville, une contrée, un pays, où tout se passe exactement pareil
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Oui avec ses codes à respecter… bien sûr !
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Superbe ton texte ! 😀 Sobre, sans fioritures, effrayant. 😀 Un personnage fracassé, que tu dépeins à la perfection. 😀
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Merci Cériat 😉 J’avais l’impression que c’était un peu mou pourtant. 😮 Je continue demain chez Leiloona mais ce sera encore plus noir, encore plus fort. 😉
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Wow, j’aime le ton de ce texte. On est presque en apné avec le personnage, et on veut en savoir plus. 🙂
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Pas facile de faire des suites .. mais elle sera là demain… Plus violente o va dire. 😉
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Comme tu dis : un salaud que tu parviens à rendre attachant, grâce au style que tu as choisi (à la fois ce langage de la rue et le fait d’écrire à la première personne).
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J’ai lu à rebours mais je trouve que tu as trouvé TON personnage, il va falloir que tu le gardes celui-ci, que tu le creuses, il y a un sacré potentiel !!! 🙂 Bravo, je ne connaissais pas les mots (pas eu le temps de faire la tournée vendredi ni ce week-end) mais tout coule de source ! Chapeau !
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Oui j’ai constaté ton absence ces derniers jours, preuve que tout ne va pas pour le mieux semble-t-il. 😦
C’est un personnage un peu comme Le Hérisson, ce flic à la marge, que j’avais créé il y a deux ou trois ans. Je l’aime bien. 😀
Bises
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Moi ce n’est pas pire, c’est du côté de maman que ça coinde alors les deux en même temps, je jongle, pas toujours facile ! 😉
Je me souviens du Hérisson !!! Mais là, tu as acquis en maturité, on sent que tu le « tiens » ton personnage, il y a une maîtrise nouvelle et c’est bien !!! 🙂
Bises choupi !
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Ha et trois billets en quatre jours et deux textes dans la même semaine !!!! Tu carbures à quoi Choupi ??? Au Nuits-Saint-Georges ??? 😆
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pas aux Nuits-Saint-Georges mais aux nuits sans sommeil 😉
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