Cléante rêvait d’être invisible non par timidité mais parce que cela lui permettait de vagabonder sans être vu et d’affronter les dangers de la vie sans être à découvert.
Pour l’instant il était allongé sur son lit et par la fenêtre ouverte il regardait les étoiles briller. À l’école, sa soif d’apprendre étonnait les professeurs car même les choses insignifiantes retenaient son attention.
Cléante était un garçon extraordinaire. Au dessous de la maison où il vivait, la cave était son royaume. Il avait installé le réduit à sa manière, passionné par les jeux de société, l’endroit était rempli de mallettes originales, introuvables aujourd’hui, dont il se servait avec savoir-faire. Boîtes en bois, boites en plastique ou boites en carton, dans lesquelles petits chevaux, jeu de l’oie ou de dames, nain jaune ou échecs trônaient. Il passait là, la plupart de ses loisirs à réfléchir et déplacer chaque sorte de pions.
Dès sa plus tendre enfance, à l’âge de l’innocence son grand-père lui avait enseigné l’art de jouer. Le jeune homme se souvenait des galops endiablés des petits chevaux ou et des courses sautillantes des oies manipulés par les mains diaphanes de son grand-père. Mais au fil du temps le jeu de prédilection devint les échecs. L’élégance et la particularité de chaque pièce avaient séduit l’enfant. Qu’elles soient en cristal ou en palissandre, en marbre comme en étain, les reines ou les rois, les fous ou les cavaliers comme les tours étaient crénelés avec des découpes aux allures de dentelle qui séduisaient non seulement le regard mais aussi le toucher du joueur néophyte.
Hélas dès que le grand-père avait abusé de trop de vin, plongé dans les brouillards de ses pensées alors que les vapeurs lui montaient à la tête, les tours, les cavaliers ou les fous mettaient en échec des rois fantômes. Les soixante-quatre touches noires et blanches devenaient un jeu de fantaisie que Cléante regardait ahuri, les cavaliers affolés couraient dans tous les sens, sans respecter les règles.
Chaque pièce portait l’empreinte visible des doigts du grand-père, patinée par l’âge et cela le fascinait. Si Cléante était un joueur d’échec émérite, c’était grâce à l’intelligence de jeu que son grand-père avait su développer.
Mais l’heure de vérité allait sonner pour ce jeune homme qui vivait hors du temps. Alors que ses amis disputaient des parties acharnées sur internet, recherchaient dans les blogs les transcriptions des échanges entre Garry Kasparov et Deep blue, le premier ordinateur à battre un homme. Cléante traversait les années, hors du temps, déchiffrant cahiers et livres d’annotations à la recherche de la vérité, à la recherche d’une combinaison exceptionnelle.
Après la mort de son grand-père, Cléante aiguisa son jeu en répétant inlassablement, seul devant sa psyché, dans la nudité d’une lumière crue, il transcrivait ses coups ce qui lui permettait de les analyser, de les affiner et de les répéter s’ils s’avéraient remarquables.
Dans les salons du Chess Club où se manigançait la politique de demain, il put, après avoir satisfait aux tests d’entrée, batailler contre des adversaires de renom, il fit une rencontre décisive. Angélique, une rousse aux yeux bleus lagon qui notait chaque partie d’échecs pour que l’affrontement puisse être archivé ou réétudié. Ce soir-là, la jeune fille était installée à sa table son écritoire sur les genoux et le garçon sentit les battements de son cœur s’affoler. Il fut incapable de contrer les attaques transparentes de son adversaire. Mal à l’aise, il s’inclina face à un joueur qu’il aurait pu, dans d’autres circonstances, anéantir.
Dans les toilettes, rouge de honte Cléante s’aspergeait le visage, regardant l’eau couler du robinet sans même penser à le fermer. Le sentiment était brusque, brut. La jeune fille qu’il n’avait jamais remarquée auparavant le bouleversait tout soudain. Dans la glace le visage d’Angélique se substituait à l’échiquier, le coup de foudre à la sicilienne, il eut beau roquer elle venait de lui damner le pion et de lui infliger le premier et seul échec et mat de sa vie. En l’espace d’un instant, de malade imaginaire il devint malade d’amour.
Les mots à utiliser : Invisible, fantôme, innocence, introuvable, voile, dentelle, brouillard, psyché, honnête, insignifiant, dessous, eau, politique, nudité, diaphane, visible, cristal, blog, lumière, lagon, briller, vérité, fantaisie, traverser, vagabonder, vapeur, vin.
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p style= »text-align:center; »>Les lectures d’Asphodèle
L’amour vainc tout, même les meilleurs joueurs d’échec 🙂 J’aime beaucoup ton texte.
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Oui il parait que l’amour laisse toujours sur les fesses, mais je ne me rappelle plus ! 😆
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Echec et mat : l’amour est le seul cas où espère être mis K-O. 😉
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@Polina « Tout vient à point qui sait attendre » disait ma grand-mère.
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Ceci dit, quand on est sur les fesses, on ne peut pas tomber plus bas 😉
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Bravo mon petit cheval !!! Et bien trouvée l’expression « damner le pion », ha ha ! Cherchez la femme, c’est vieux comme le monde mais toujours d’actualité ! J’ai beaucoup aimé ce texte bien écrit et un tantinet nostalgique, ça nous change de tes élucubrations sados-masos ! 😆 Bises Choupi-cheval-de-bois !!! 🙂 Un roi devenu fou à cause d’une reine, un coup à tomber de la tour… ha mais la Tour, ça me rappelle quelqu’un !!! 😆 OK je sors…
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Voilà à quoi tu me fais penser Choupinette :
« Le petit cheval dans le mauvais temps
Qu’il avait donc du courage
C’était un petit cheval blanc
Tous derrière, tous derrière
C’était un petit cheval blanc
Tous derrière et lui devant »
mais c’est pour Val
Il y a quelques semaines que je n’ai pas déliré avec mes turpitudes mais je vois qu’elles ont laissées des marques chez toi puisque tu m’en parles encore. 😆 Eh oui je suis un cheval de bois de bois qui va franchir une nouvelle décennie dans quelques jours je ne sais si j’en suis heureux ou triste mais c’est ainsi. L’amour a fait couler des kilomètres d’encre et en fera encore mais quoi qu’on en dise au sentimental se greffe bien souvent des actes… Quant à la Tour elle ne semble pas de garde ce week-end et qu’elle soit attristée par la mauvaise image de la quenelle alors qu’elle est aussi délicieuse (la quenelle de brochet) j’en suis soufflé. 😉 :!d 😛
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Surtout que la quenelle doit être bien soufflée pour être légère et bonne !!! 😆 Ha mais quel délire !!!! Tu vas prendre un an de plus et un an de moins à vivre, je ne sais pas si on doit en rire ni même le fêter, on est fous mais que veux-tu, tant qu’à faire…mourons dans la folie douce ! 😆 Merci pour cette chanson, je ne connais pas du tout, Val et moi nous hennirons au lieu de sonner à ta porte, tu sauras qui vient, mouhaha !!! 😀 Bises, je vais faire mes crêpes, pas encore mangé ! 😦 Pas faim mais les crêpes ça passe !!!
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Oui on peut dire ça comme ça un de plus et de moins mais vu sous cet angle c’est moins drôle. Tu ne connais pas pas ce texte de Paul Fort chanté par Georges Brassens, étonnant !
Mais si vous voulez vous mettre à hennir comme deux juments, bien vous en prenne ! Je vous reconnaitrais ! 😉
Allez fonce aux fourneaux.
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recoucou Jean Charles et Aspho 😉
Pour que tu nous reconnaisses mieux nous chanterons aussi Aragon et Ferrat 😉
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin vient les jeudis poésie
Dans l’enfer ou aux écuries
Les amours aux amours se sanglent
C’était hier que je t’ai dit
Nous hennirons ensemble
C’était hier et c’est demain
Je n’ai plus assez de foin
J’ai mis mes rênes entre tes mains
vois ma monture comme elle va l’amble…..
bises à tous les deux 😉
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Ah Val 😉
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Tout au long de ma lecture, je me demandais où était passé JC – ah, mais le voilà, lorsqu’Angélique entre en scène. 😉
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Rassure-toi ou rappelle-toi Olivia mes premiers textes, déposés chez toi, pouvaient servir de base à l’homélie de Pie 7 depuis si j’ai trans graissé peu à peu c’est par défiiiiiiiiiiiiiiiiiilles.
J’ai trouvé porte close la semaine passée chez désirs d’histoire pourtant dieu sait si cette adresse te ressemblait ! 🙂
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Oui, mais maintenant, on ne se souvient que l’aura sulfureuse de tes textes. 😛
Oui, parce que j’ai déménagé : oliviabillingtonofficial.wordpress.com (mais je l’ai indiqué sur le blog, non ?)
Me ressemblait ? 😳
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Oui je trouve que désirs d’histoire sonnait bien avec tes textes sensuels… 😛 😆
Je ne suis pas tombé sur un lien sinon je l’aurais suivi voyons !
Quant à mes textes s’ils sont parfois comme les marrons, je le revendique et c’est quand même ma marque de fabrique…hihihihi
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L’amour, le pire des adversaires? Apparemment oui 🙂
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Oui sûrement aussi corrosif que l’amer ! 😀 😆
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Je ne sais pas jouer aux échecs mais j’ai toujours eu envie d’apprendre………….
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Je ne sais pas non plus et je ne n’ai pas le temps d’apprendre ! 😛
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« le premier et seul échec et mat de sa vie », ben oui voilà, fallait bien que ça arrive ;0) J’adore ton texte, la dernière scène lui donne tout son piquant ;0)
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Ah merde moi qui pensais avoir fait un cour d’échec magistral !!! 😆 😛
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J’ai beaucoup aimé la nostalgie des jeux d’antan, de ce grand-père qui a transmis sa passion à son petit-fils. Les échecs ne supportent pas ce trop plein d’émotion de la part d’un joueur. Qui sait, il a perdu cette partie, mais il reverra peut-être celle qui a fait battre son cœur…
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C’est un mélange, j’ai chez moi une boite de jeux en bois qui m’encombre et que je n’arrive pas à jeter et ce livre que j’ai lu dernièrement…qui donne ce texte. 😉
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Aucun ordinateur au monde ne peut prévoir ce coup-là. Il s’appelle le coup de foudre.
Celui que j’ai eu pour ton texte extraordinaire.
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Célestine je suis tout en émoi… déjà que tes yeux lagon sont très troublants si tu écris d’aussi jolies choses je vais atteindre l’extase. 😳
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un très beau texte Jean Cheval (euh Jean charles lol )
et je ne dis pas cela parce qu’il y à des dadas à profusion 🙂
je suis tombée sous le charme de la belle marquise aux yeux lagon 🙂
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Marquise ? mais tu as tout relu Molière Val.
Ne me dis pas que tu voues un culte particulier ua dadaïsme. 😉
Le charme est un un de mes arbres préférés vas savoir pourquoi !
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Euh non la Marquise ce n’est pas Molière pour moi , la Marquise c’est Angélique , celles des anges 😉 très sensuelle non ?
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Effectivement sensuelle la Marquise mais Jeoffrey de Peyrac était un Don Juan : 😉
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Grand plaisir à te lire. Toc.
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Puisse cette transgression te donner l’espoir. 😉
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Ah la femme , le pion le plus difficile à maîtriser …superbe texte cela fait plaisir de voir les hommes craquer cela leur donne une adorable fragilité .
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Si la femme est un pion je t’en laisse la paternité Eva, acquiescer ici serait pour moi un signe de mort. 😀 😀 😀
Craquer ? Le mot adéquat ? 😉
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Il faut toujours se méfier de la reine… ou succomber à son charme!
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L’arène me fait souvent peur coquelicot !
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« il eut beau roquer elle venait de lui damner le pion et de lui infliger le premier et seul échec et mat de sa vie » : j’adore !
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😉 Merci… 😀 On aime aussi parfois ce qu’on écrit 😆
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La dame de la tour fêtait le Nouvel An chinois et l’arrivée de l’année du cheval de bois 😆
A la maison, donc ça m’a occupée 3 jours ! La semaine je suis tellement enfermée que le we j’aspire à ne pas passer des heures sur mon blog.
Une nouvelle dizaine, Jean-Charles ? Ah ! Oh ! tu es Verseau, je comprends mieux maintenant 😆
Je suis plutôt incompatible avec les Verseaux 😉
Beau texte, sobre, intéressant, tendre, comme j’aime. Tu as tellement de choses à dire, ce serait dommage de passer à côté pour parler de choses qui nous fâchent 😉
Je t’adresse tous mes souhaits affectueux pour cet Anniversaire pas comme les autres.
Bonne semaine et gros bisous d’O.
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Merci Soène, je disais dans quelques jours, ce qui fait que je ne l’ai pas encore franchi ce pas… mais à la fin du mois. Je ne suis donc pas verseau.
Je suis allé faire quelques photos à l’Hôtel de Ville de Paris pour un des défilés du Nouvel An.
Je parle de choses qui fâchent ? Tiens donc ! 😉
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Pas mal du tout ton texte, c’est un bon début…il appelle une suite, peut être…texte un peu mélancolique…normal, il va sûrement en baver le pauvre Cléante..;
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Tu m’étonnes dès qu’une femme s’emmêle ça gâte un peu les choses… C’est pourquoi faire une suite est inutile et je le bâclerai sûrement. 😉
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Il a trouvé plus fort que la reine, finalement. 😉 Très beau texte. 😀
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Je ne sais pas, en tout cas elle l’a chamboulé. 😀
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