AVERTISSEMENT : Ce texte peut-être jugé dérangeant, il met en cause certains agissements et la morale n’est pas sauve.
Je m’étais bien imaginé en haut d’un phare, à regarder la mer démontée cogner sur le rocher ; avec en fond sonore les mouettes rieuses dans leur ballets agités guettant ma chute dans cet océan tourmenté.
Mais je n’avais de marin que le pull enfilé à la va-vite parce que malgré le soleil, le froid sévissait. C’était jour de messe aujourd’hui mais je n’y allais plus depuis longtemps. Je ne faisais plus partie de cette communion d’esprit. J’en étais incapable. Incapable de pardonner à ce curé moraliste, qui sous prétexte de confession me faisait mettre nu dans sa chambre et m’obligeait à passer la tête sous la soutane qu’il relevait.
Je n’en dirais pas plus de ces coquineries, le mot est faible, qui m’ont mis en rupture avec la société, celle d’église mais aussi cette société civile affublée de tous ses préceptes moraux qui obligent à cacher l’évidence.
J’aurais de préférence si j’avais pu, aimé jouer au ballon avec mes camarades plutôt qu’être l’instrument de ce diable d’homme de Dieu, qui dans ses suppliques me faisait pâlir de peur. J’avais la hantise de le voir et le harcèlement que je subissais n’avait d’égal que la crainte que mes parents m’infligeaient.
Ils étaient ravis de cet ecclésiastique érudit qu’ils invitaient régulièrement à diner. Ils étaient fiers de l’attention qu’il me portait. Ils me tançaient lorsque je rechignais à aller servir la messe en compagnie de ce bourreau, qui dans la sacristie baissait mon froc avec fébrilité pour me sacrifier à ses rites libidineux. L’encens qu’il agitait pendant l’office avait l’odeur de ce liquide séminal qu’il répandait violemment sur moi et me donnait des hauts de cœur.
Mes parents, très pieux, espéraient de moi que je fusse, à mon tour, un homme d’église, que je dispensasse l’amour de Dieu. S’ils savaient ce que j’endurais ! J’avais essayé à demi-mots de leur faire comprendre que ce n’était pas ma voie, que je n’avais pas la vocation. Il m’était difficile d’en dire plus, même eux m’auraient condamné.
Ma vie était un naufrage, mes rêves étaient ténébreux. Plus je m’opposais à la mission qu’ils voulaient me faire endosser, plus le Père broussard abusait de moi. J’avais pensé à mourir sans en franchir le pas. Il m’était impossible lorsque je tenais le coupe-chou de mon père sur mes veines saillantes, de les cisailler. Etais-je devenu cet androgyne mollasson que le Père Broussard chérissait tant ?
Je me dégoutais. Les flots de larmes que je déversais sur mon triste sort, n’aidaient en rien à ma guérison. Mais si mon âme et mon corps étaient châtiés par autrui, comment pourrais-je, seul, entrevoir le moindre apaisement, le moindre changement ?
J’avais découvert les grottes de Lascaux en images, les mammouths rupestres tout autant que la baie des Trépassés, alors qu’assis sur les genoux du prêtre, son pantalon de velours au bas de ses jambes, il me souillait. Ce sont évidemment mes larmes et leurs goûts de sel qui figuraient les embruns alors que mon corps râlait et souffrait de l’intrusion. Même là, je ne pouvais pas prier pour mon salut, de quelle pénitence devais-je m’affliger, avais-je péché ? Devais-je me repentir d’avoir provoqué une quelconque excitation chez ce serviteur de Dieu ?
J’avais été répudié plus tard, pour avoir applaudi à son enterrement. Le bedeau et mon père me jetèrent à la porte du lieu saint.
Ce n’étaient que les rifts et la voix particulière de Johnny Winter, l’albinos, qui m’apaisaient. Le blues de « Be careful with the fool » dont les paroles s’inséraient pile-poil dans ma vie, m’aidaient à tenir. Son affiche trônait en face de mon lit et le gui que ma mère me donnait chaque dimanche des rameaux, l’ornait.
Mes parents reposent aujourd’hui sous les pins. Aucun des deux n’a reçu les Saint-Sacrements. Ils en ont été privés, volontairement, par vengeance. J’ai simplement fait graver un laconique « au revoir » sur une pierre couleur chocolat, déposée sur leur tombe.
voici les lots qu’il fallait utiliser :
L’atelier des mots, une histoire chez Olivia Billington
Très dur ton texte , Jean Charles mais terriblement émouvant . Pauvre gamin, comment survivre à ça ?
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J’ai essayé d’écrire comme je ressentais les choses, avec autant de trsitesse que de dégoût .
Je ne suis pas sûr qu’on survive normalement à pareil traitement,
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Dérangée par les actes, pas par tes mots…
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Désolé ! Je crois qu’il faut dénoncer les choses, c’est ma manière de faire.
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Non ! Pas par le fait que tu les dénonces, juste par les actes à proprement parler.
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C’est à vomir !
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Hélas, ça arrive… Ton texte fait frémir… d’indignation face à de tels actes.
Malgré sa noirceur, il est très bien écrit.
Mais s’il te plaît, ne recommence pas…
@ demain !
Bisous sous la pluie…
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J’avais mis un avertissement pour toi ma Soène parce que je sais que mes écrits te dérangent. De temps en temps il me faut sortir cette violence que j’ai en moi.
Ma façon d’écrire est difficile à gérer, mes pensées et le clavier s’entendent à merveille pour décrire des moments difficiles de la vie.
Bises.
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oui, Jean-Charles, j’avais bien vu ton avertissement en rouge
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Alors au volant tu prends les sens interdit ou l’essence interdit ?
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Le crime était presque parfait !?
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Oui mais tout se paie et tout finit par se savoir !
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Encore un texte poignant qui raconte un quotidien malheureusement bien trop souvent réaliste. 😀 Tu sais vraiment y faire avec les drames de la vie. 😀
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Merci Ceriat. Ne crois pas pour autant que j’ai vécu ce genre de choses. J’ai une capacité de mimétisme qui fait que ce que je lis, ce que je regarde, ce que j’entends, se range dans un tiroir de mon cerveau pour en ressortir un jour. Je me sens sans doute, plus à l’aise pour écrire les drames des autres que des bluettes.
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Très dur, poignant, bien écrit, les mots imposés invisibles. Chapeau. J’aime quand tu explores la noirceur.
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Merci Olivia ! 😳
J’ai plus de facilité à écrire ces choses difficiles que de faire rigoler, vas savoir pourquoi !
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Très sombre et réaliste ! Bien écrit aussi… mais comme Soène, ne recommence pas trop souvent hein !!! 😆
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Tu sais maintenant par habitude qu’il ne faut pas me lire au petit déjeuner, d’autant plus quand je mets un avertissement.
Mais je me sens plus à l’aise dans ce genre d’exercice, bizarre !
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Je ne suis pas venue au petit déj » justement !!! Quant au reste, je crois que ta nature profonde reprend le dessus !!! Arrrgh !!! 😆
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Lol… Ma nature profonde je ne sais pas comment je dois interpréter cela 😀
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je te sens quelque peu souffreteux, et la vengeance c’est quoi ? je parle du « Saint-Homme », le pervers, le vicieux, le fou, que lui réserve-tu ? la suie au prochain épisode, et je veux le voir souffrir ! na !
Au fait , la baie des Trépassés, tu connais ? j’adore le petit hôtel là sur la droite, une merveille !
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Ben non trop tard…il est mort. c’est à son enterrement que mon père et le bedeau m’ont jeté hors de l’église.
Je connais la baie des trépassés mais il y a quelques décennies déjà et l’hôtel, je ne l’ai pas testé. 😀 .
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Ton avatar ne serait-il pas Gustave Courbet ?
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Si bien sûr !
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Bonjour,
Bravo pour ce texte très bien écrit et pour ce point de vue en effet très poignant…. Il n’y a qu’une manière de faire reculer de tels actes, c’est de les dénoncer. Les victimes en sont souvent incapables, car accablées par la honte.
Bonne journée,
Sandra
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merci ! Je crois qu’il faut en parler, savoir que cette violence existe et ne pas appliquer le déni.
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Quel texte terrible ! Dérangeant ? Pas pour le lecteur.
Et en prime, un bon vieux blues de derrière les fagots !!! Yeahhhhhhhhhhhhhh
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Ah le blues de Johnny !!! 😀
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Et alors, plus rien ?…
L’opéra ne t’a pas inspiré ? tu pourrais nous raconter sa dégustation… il doit y avoir des choses à dire sur le plaisir ressenti 😆
Je suis épuisée de « mon » RAT !
Bisous
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Non, non je garde pour moi ! Je fais partager ce que je veux et quand je veux, na ! D’ailleurs tu sais pas habitude que ce ne sont pas forcément les bonnes choses que je partage, je parle d’écriture n’est-ce pas ! 😀
J’étais seulement à la bibliothèque parti chercher les livres que j’avais réservé. Tu sais tout, ma vie n’a plus de secret pour toi.
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Et dire que tu as fait envie avec ton gâteau !
Bon, enfin, tu peux raconter n’importe quoi… on n’était pas là… mais quand le doute s’installe, c’est foutu 😆
Encore une demi heure à tenir… j’en peux plus ! j’ai peur de m’endormir juste avant l’heure… ce serait trop bête !
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C’était fait exprès ! Puis j’adore l’opéra ce goût de chocolat noir qui te remplit la bouche…hum un délice . T’en veux une cuillère ?
Tu es une couche-tôt , Ben j’sais pas moi vas préparer ton beurre d’ail pour les escargots demain? 😛
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Bonsoir,
Comme tous je trouve ce texte très dur et pourtant d’une triste réalité. C’est certain qu’il faut dénoncer ces abus, les réprimander, et prisonnier du bourreau, il est difficile aux victimes de dénoncer ce qui ce passe. Je suis d’accord il faut en parler, ne pas avoir peur des mots… cela fait bouger les institutions.
Bonne soirée
@mitié
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