Blasphème ?

Putain de pluie !

Il faisait beau pourtant ce matin quand j’ai installé mes dessins sur le parvis. A cette période il y a plein de touristes et l’occasion de me faire un peu d’argent s’envole. J’enrage. Je tempête. Pluie de merde !

Je suis étudiante aux Beaux Arts et provinciale de surcroît. J’ai dû abandonner ma famille pour venir dans cette école renommée parce que c’était important pour moi de suivre ce cursus.

Vendre des dessins me permet de mieux vivre. Qui habite la Capitale sait que la vie est chère, voire très chère. Entre loyer et nourriture ma bourse n’est pas suffisante. Donc lorsque je vends des dessins je peux m’autoriser des suppléments comme une soirée bistro avec mes amis, une fringue, un cinoche ou des livres. J’embellis ma vie.

J’ai envoyé une demande à l’archevêque de Paris pour pouvoir vendre mes dessins à l’intérieur de la cathédrale, en cas d’intempéries. Mais c’est aussi utile que de faire des prières au bon Dieu. Pourtant cette lettre a été remise en main propre au bedeau et j’attends toujours la réponse. Je suis intimement persuadée que les portes du Paradis ne sont pas ouvertes à tous.   

Cependant peu fière de mes pensées blasphématrices, je me suis imposé comme pénitence de réciter mes prières. J’ai fait cette contrition à genoux sur un prie-Dieu en plein transept, même le bedeau s’est demandé si je n’avais pas trouvé un moyen détourné de vendre mes dessins dans la cathédrale.

Avant je lui parlais au bon Dieu, seule sous mes draps. Je lui racontais ma vie, lui demandant conseil. Mais le pauvre n’avait sûrement pas de sonotone parce que j’attends toujours des réponses. Enfin le temps est passé ou j’avais besoin de lui.

Ah cette pluie, encore une journée de perdue ! L’averse surprend tout le monde chacun court dans tous les sens pour éviter d’être trempé jusqu’aux os. Heureusement, je ne sors jamais sans mes protections en plastique et mes dessins sont à l’abri.

Mes esquisses représentent la cathédrale, le parvis, les tours, les piédroits, le tympan, le Christ, le chœur mais aussi Phébus, Esméralda, Frolllo et évidemment Quasimodo sans oublier la Stryge, la plus connue des gargouilles. Quand on achète une de mes reproductions, c’est une œuvre authentiquement française qu’on s’offre, à bon entendeur !

Pour l’heure il pleut, il fait froid et je me sauve. À bientôt sur le parvis.

Hé ! J’accepte café, cigarette et sourire.

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20 réflexions au sujet de « Blasphème ? »

  1. Tu avais écrit hier que le texte pouvait être dérangeant, mais que tu avais bien gommé ce qui pouvait gêner ?
    Eh bien, la gomme a été efficace ! 😆
    Je trouve ton texte réaliste, moins de pirouettes ou de pied de nez, mais très efficace.

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  2. C’est ton nez qui t’a servi de gomme hein ??? 😆 Il devait bien y avoir une histoire avec le bedeau pas très catholique à mon avis… Mais je vois que la crise est partout et les personnages courent après les pépettes ! 🙂 Joli texte J-C …

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    1. On a beaucoup parlé des travers des religieux et j’en avais remis une couche bien sûr ! 😀 Bon c’est mieux comme ça.
      J’étais pourtant décidé à balancer ce texte et ne pas le publier… 😀 Mais voilà .

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  3. Tiens, cette étudiante aux Beaux Arts dépense au bistrot, au ciné ou pour acheter des livres ? et les entrées aux Musées, elle n’y pense même pas…
    Le bedeau a dû prier pour toi, avant la messe, tu es devenu un véritable petit Saint dans ce billet, Jean-Charles 🙂
    Autant de billets, autant d’histoires agréables à lire. Et avec l’atelier de Leiloona, chacun peut en faire à sa guise !

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    1. Merci Soène ! J’ai juste fait un tout petit blasphème ici mais si peu. J’ai enlevé tous les aspects vers lesquels je tends habituellement, il ne reste qu’une légère allusion que personne ne relève. ;P
      Non l’argent des dessins n’est destiné qu’aux plaisirs y compris les jouets féminins personnels. :oops
      Bises

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  4. Moi non plus, connais pas, même si j’joue plus à la poupée depuis belle lurette 🙂
    Et maintenant que tu l’as dit, j’ai relu ton texte et j’y vois des allusions partout 😳
    La cathédrale St-Jean en a une aussi de gargouille salasse…
    Ils faisaient pas dans la dentelle les bâtisseurs, à l’époque 🙂

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    1. Merci monsieur le caquetteur (j’ai regardé avant sur wikipédia pour m’en assurer) et puis je te joins une strophe de notre patrimoine national concernant le bedeau :
      « Aux noces, j’ai dit à Mademoiselle, fleur d’oranger craint pas la grêle.
      L’évêque est venu bénir la fête mais comme le bedeau était pompette
      C’est moi qui a porté les burettes.
      Le soir, quand les époux se sont retirés
      J’avais de la peine à les quitter.
      Qui c’est t’y qui les a bordé… C’est moué. »

      Salut palmé l’ami.

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    1. Ricet Barrier la servante du château 😛 Mais tu ne peux pas connaître tu étais exilée. 😀
      Non je pense qu’il en fautt encore plus pour faire rougir Soène, c’est une lyonnaise !!! 😯
      Non je pas attaqué, il est là sous le coude..

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