Max mon ferrailleur

– Eh merde ! Je venais encore de marcher dedans. Mon chien Max n’avait pas pu se retenir ce matin encore. Il était incontinent le pauvre vieux et j’avais beau le sortir plusieurs fois par jour cela n’évitait pas les accidents.

Le vétérinaire, ce misérable m’avait prévenu, si je n’abrégeais pas ses souffrances j’en subirais les conséquences. Mais c’était sans importance, je ne pouvais me résoudre à me séparer de ce compagnon tant qu’il ne souffrait pas.

J’avais décroché la martingale le jour où j’étais allé le chercher à la Spa. Il était si moche que personne n’en voulait et le mélange de race intraçable lui donnait un air singulier ; mais qu’est-ce que je l’aimais mon bâtard et comme il me le rendait bien. J’avais appris  à décoder les divers mouvements de sa queue pour deviner ses intentions et lorsqu’il me faisait les yeux doux, je craquais toujours.

Nous avions fait un long parcours ensemble, treize ans de vie commune. Il s’était opposé à tous mes mariages, déchirant sans vergogne, les dessous de celles qui voulaient s’installer. Une ou deux fois, les postulantes m’avaient mis en demeure de faire le choix suivant : lui ou moi. Elles n’avaient pas compris que Max et moi étions des alter-égaux indissociables et que prétendre nous séparer était comme de se battre contre des moulins à vent. Je n’ai jamais été traité d’autant de jolis noms d’oiseaux à tel point que mon chien prenait soin de rabattre ses oreilles pour ne rien entendre.

Avec le recul, j’étais persuadé qu’il m’avait évité de me lancer dans des histoires soi-disant merveilleuses qui m’auraient conduit en enfer. Les méandres de l’amour m’étaient aussi incompréhensibles que n’importe quel kanji de l’écriture japonaise.

Par mimétisme Max était aussi malheureux que moi lorsque je l’étais. Baissant la tête, me regardant par en dessous, il me donnait des coups de museau pour que je le caresse, tentant de détourner mon attention sur lui. Si chacun m’offrait lors de ses visites à Disney Word, un dalmatien miniature que  je disposais sur une étagère Max me regardait d’un œil torve et exclusif. J’en avais 110, le compte était plus que bon, mais personne ne semblait vouloir s’arrêter là. J’avais beau crier au haro et dire que je n’aimais que les bâtards mais mes plaintes ressemblaient à des murmures dont personne ne tenait compte.

Lorsque la mélancolie me gagnait Max s’enroulait à mes pieds, fidèle. Je savais qu’un jour il partirait, je savais qu’un jour je serai immensément triste et qu’aucun mouchoir ne suffirait pour éponger mes larmes. J’avais pensé à lui faire un mausolée mais l’idée en fait, était saugrenue. Je n’aurai besoin d’aucun artifice Max sera toujours présent et des petits riens me feront rêver de lui.

Mais pour l’instant il me fallait la serpillière pour réparer les dégâts et ensuite l’emmener faire une promenade matinale dans les champs de luzerne.

Voici les mots qu’il fallait utiliser :  

Les plumes de chez Asphodèle ICI ou en cliquant sur l’une ou l’autre image.

28 réflexions au sujet de « Max mon ferrailleur »

  1. Décidément, Wens est un comptable redoutable et je trouve qu’il est d’humeur un peu chagrine, ce matin ! Cool, quand on aime, on ne compte pas, Wens 🙂 🙂
    J’aime beaucoup ton histoire de vieux toutou fidèle. Elle me parle. J’ai souvent remarqué qu’il se crée un certain mimétisme entre le maître et le chien… et on n’arrive pas à déterminer si c’est l’homme ou le chien qui ressemble à l’autre !
    Est-ce une histoire vraie ? Sinon, c’est très bien observé et ressenti.
    Bon we et bises d’O

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    1. C’est vrai pour le mimétisme d’ailleurs souvent il y a des gens qui « aboient » lorsqu’on leur marche sur les doigts de pieds. Non je n’ai pas de chien, c’est donc de la pure fiction en ce qui me concerne.
      Bibis et bon week à toi.

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  2. Que c’est attendrissant, tellement vrai.. Que ne ferions nous pas sans nos Max, Sam…Lucky..nos prolongements ? Je n’ai vu aucun des mots dans l’emportement de ma lecture.. Et quelle gentille attention d’en créer un logo.. Bisous

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    1. J’ai un chat mais pas de chien. Ceci dit lorsque j’étais tout môme il y en avait un à la maison. Le chien finalement n’était qu’un prétexte pour commencer le texte par une espèce de jeu de mots 😀

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  3. N’ayant ni chien ni chat, je me suis quand même laissé porter par cette relation (in)imaginée. J’espère que c’est propre maintenant ! Attention à ne pas glisser dessus quand même !

    Coincoins patte dedans !

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  4. Qu’est-ce que ce langage mon ami ?^^ J’ai laissé un comm ce matin à 8 heures (oui Monsieur : 8 heures !) de mon BB et il n’est pas passé ??? Arrgh, je vais chouiner 😦 J’ai adoré ce texte ! Tu relates fort bien la relation que nous avons avec un chien, j’en ai toujours eu à la maison, sauf depuis fin mars dernier, j’ai perdu ma petite chienne et j’attends pour en reprendre, j’ai eu le coeur brisé… C’est pire que du mimétisme, c’est une osmose, on finit par se comprendre d’un mot, bref les chiens sont des humains qui sont restés à quatre pattes…et comme dit ma mère « ce sont des bêtes à chagrin »… (j’espère que mon comm va passer !!!! 😀 )

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  5. Si tu rédiges des messages et que tu les jettes à la poubelle je ne peux pas les recevoir 😛 En fait je pensais avoir fait un texte à peu près quelconque mais c’était sans compter sur l’espèce d’osmose qui passe entre l’humain et l’animal.
    J’ai aussi eu un chien lorsque j’étais jeune (j’entends d’ici ce que tu penses) qui m’a laissé des souvenirs inoubliables et qui était mon compagnon d’adolescent, ensuite par commodité je n’ai eu que des chats mais ce n’est pas pareil évidemment. Le chien est sans doute le prolongement de l’homme ou l’inverse. Bises Lisa.

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