La vengeance (épisode 5)

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Elle savait qu’il n’allait pas lui dessiner la carte du tendre et que c’était plus à la partie charnue de son individu qu’il en voulait qu’à autre chose, elle n’imaginait pas un seul instant que l’Ysatys, dont elle s’aspergeait,  ait des vertus aphrodisiaques propres à transformer un mâle en Orang-outan.

Son manège, elle l’avait démasqué aussitôt, en le voyant revenir de sa voiture, la bouteille à la main. Il roulait des mécaniques en marchant, l’arme plantée dans le pantalon et le sourire idiot comme s’il venait de décrocher la tirelire à l’EuroMillions.

Dans sa panoplie de petit Cowboy de banlieue, il pensait sans doute me donner des frissons, se dit-elle se moquant de lui discrètement. Il ne lui manquait plus qu’un Stetson pour couvrir son crâne d’œuf pour qu’elle éclate de rire.

Il était risible ce petit flic à la démarche chaloupée d’iguane !

Elle le repoussa, pas question qu’il l’embrassât. La parade nuptiale, il fallait qu’il la cesse immédiatement s’il pensait juste mettre une bouteille dans la corbeille de la mariée pour décrocher les rubans de la jarretière il s’était trompé d’adresse.

Cette rebuffade muette n’eut pas l’air de l’offenser outre mesure, seul son air canaille l’avait subitement déserté.

– Santé dit-elle lui tendant un verre.

– Santé acquiesça-t-il tandis que son corps abandonnait ses tensions libidinales.

Même à la fortune du pot elle n’avait rien à lui offrir comme amuse-gueules hormis des tartelettes, mais avec de l’alcool c’eut été bizarre !

Le hérissoni venait d’un coup, de redescendre du nuage sur lequel il s’était vautré. Il cherchait un moyen de faire pression sans savoir vraiment à qui il avait affaire.

Elle, la polonaise, était en travaux comme elle aimait à le penser. Elle avait dépassé le seuil cyclique de destruction pour entamer la reconstruction qu’elle avait préparée depuis des années. De par sa naissance, elle appartenait à l’autre sexe et l’opération définitive, qui ferait d’elle une femme à part entière, était prévue le mois prochain. Ce petit con de flic, s’il lui mettait la main dans le slip serait surpris.  Á coups d’hormones ses formes s’étaient développées son corps changeait et elle ne supporterait pas qu’un minable vienne déranger ses plans.

Le fusil à la porte n’était pas là pour rien, elle s’en était servi pour tuer et le ferait encore si nécessaire.

Elle avait été témoin de l’assassinat de ses chiens, les auteurs l’avaient payé. Cette bande de jeunes, bien trop cruels, bien trop enivrés ne feraient plus de mal à personne. Une balle et des coups de crosse dans les genoux  avaient suffit pour qu’ils s’oublient dans leur pantalon. Elle les avait enterrés vivants, se livrant à l’obturation de tous leurs trous avec fureur, comme une démente.

Ce que cherchait le flic, il ne le trouverait jamais.

Il était là comme un abruti à boire sa bouteille, éméché, ne supportant pas l’idée qu’elle se soit refusée, décidé à la prendre de force s’il fallait.

– Mais t’es une tante, hurla-t-il stupéfié en se reculant.

Une première balle lui arracha la moitié de la tête, la deuxième en plein cœur l’acheva.

Affalé contre le mur, la petite musique des gargouillis du sang se fit entendre alors que l’odeur ferrugineuse emplit la pièce, le hérisson sentait la mort qu’il n’avait que trop distribuée.

L’aurore rosée pointait ses couleurs, Yvett le transsexuel de la Bastille s’était enfin vengée.

Atelier organisé par Olivia 

les mots : carte – cyclique – panoplie – oeuf – destruction – frissons – obturation – naissance – tartelette – nuage – fortune – nuptial – ruban – musique – travaux – témoin – canaille – tirelire – aurore – ysatis – iguane

31 réflexions au sujet de « La vengeance (épisode 5) »

  1. Epoustouflante cette fin, Pauvre hérisson qui m’était bien sympathique malgré tous ses défauts ….Hum hum, la démarche chaloupée de l iguane, le crâne d’oeuf, la panoplie de cowboy sont très bien venus et m’ ont fait sourire

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  2. Argh ! Mais t’es bien expéditif (avoue, t’en avais marre qu’on te réclame la suite du hérisson 😆 ), je ne m’attendais pas à une telle fin, bravo !

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  3. Dis-moi, Jean-Charles, j’ai sauté des épisodes ?… Avec ma semaine tunisienne, je ne sais plus très bien…
    Mais c’est affreux, ça fait peur, un vrai thriller…
    Est-ce ton stylo ou ton subconscient qui te joue des tours ?… au tréfonds de toi…
    Mais c’est si bien écrit, avec des mots pas faciles à placer, qu’on en reste un petit peu secoué…
    Tu as encore le temps d’écrire, mais comment fais-tu ? Le soir, je n’ai plus aucun courage…
    Bises de Lyon

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    1. Merciiiiiiiiii… Je ne pensais pas participer cette semaine, mais le démon de l’écriture m’a botté les fesses hier soir….
      Alors j’ai écrit et peut être terminé un peu trop vite mais c’était l’occasion.

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  4. Je viens de prendre un bain d’hémoglobine! N’en jette Plus! Quelle fureur vengeresse à animé ton stylo? Et moi qui le croyais (le hérisson) en train de roucouler aimablement avec sa polonaise (elle n’était pas roumaine, à l’origine, Non?)!! Pour les tartelettes, tu t’en sors mieux que moi mais bon , c’est un hérisson dans une maison et pas un renard sur la banquise!

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    1. L’occasion était belle pour le faire disparaître ce Hérisson. C’est marrant comme on s’attache ! Elle/il était bien polonais(e) cette curieuse personne.
      Quant à la tartelette elle était bien plus facile à placer pour moi, pour sûr ! Mon stylo-plume est rempli d’encre rouge que j’ai beaucoup de mal à me procurer.:D

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