Le génome de l’écrivain

6ème édition des plumes de l’été chez Asphodèle ?

J’étais complètement enfermé dans mes délires à la limite de la  folie provoquée par l’étrange lecture dans laquelle je m’étais laissé emporter. Il s’agissait de tueries machiavéliques orchestrées par trois savants qui souhaitaient appliquer à l’humanité la théorie de  l’évolution appliquant les principes de la sélection naturelle telle qu’elle existait encore chez les Indiens d’Amazonie ou chez Cro-Magnon il y a 30 000 ans.

J’étais obsédé par ce livre qui n’en finissait pas. Il exerçait une telle fascination en même temps qu’une telle horreur, que mes nuits étaient remplies de cauchemars innommables comme si des nuées de fricandelles m’explosaient à la figure.

Cette enquête menée tambour battant me donnait la fièvre, alors qu’elle me faisait pénétrer au cœur de la science et découvrir les conséquences des manipulations du génome humain ; J’étais un ignare immergé subitement en plein cœur des molécules d’ADN et le petit frimas qui entourait mon néocortex fondait pour absorber la connaissance qui m’était délivrée.

Cependant, j’avais un dilemme, je ne savais plus si je devais refermer une bonne fois pour toute ce roman ou continuer cette lecture déroutante. Le décodage de toutes ces pages écrites avec frénésie, me galvanisait et m’inquiétait. Il m’arrivait de reprendre des chapitres entiers parce que mon esprit avait dérivé dans les limbes du firmament découvrant une foule de petits détails que ma première lecture avait laissé passer.

J’avais, cependant, l’impression d’avoir été traqué comme un faon par le fauve affamé, d’avoir été acculé par la puissance de l’écriture, à poursuivre cette œuvre qui allait de surprises en surprises et me captivait tant. J’étais un fervent amateur de romans noirs bien enlevés et si suivre certains auteurs dans leurs fariboles m’ennuyaient, j’étais subjugué lorsque la qualité provoquait des sentiments profonds comme l’émotion, la passion ou la haine. Si un auteur, bien plus malin, bien plus fantasque, s’échappait de la galaxie policière et savait mettre le feu aux poudres, j’étais heureux et ma soif de lecture satisfaite.

J’aimais les intrigues construites et n’envisageais jamais de résoudre celles-ci avant la fin du récit, si l’auteur avait bâti son histoire autour d’une farandole de mots, je ne me permettais pas de deviner, je laissais le rêve opérer et j’espérais jusqu’à la dernière ligne, qu’il put encore me surprendre.

Je n’étais pas un fakir et la devinette n’était pas mon ordinaire.

 

Au fond, je vais l’écrire seul ce bouquin qui me fait tant rêver. Je vous livre ici une infime partie de ma séquence ADN : AATTCTTTGATTGATAATTTTTTCTGACGT CCATTCGTA…

 

(Ma lecture du moment est GATACA de Franck Thilliez)

Les mots à utiliser sont : FANTASQUE  – FARIBOLES – FARANDOLE – FEU – FAUVE – FRIMAS – FOND – FOLIE – FIRMAMENT – FOULE – FAON – FASCINATION -FRICANDELLE* – FIÈVRE – FRÉNÉSIE – FAKIR.

30 réflexions au sujet de « Le génome de l’écrivain »

  1. La nuit des étoiles

    Pas de chance cette année pour la nuit des étoiles ! Le ciel est partout bien trop chargé pour observer aisément le FIRMAMENT. Sauf peut-être dans le sud de la France où la FOULE des touristes en vacance s’est entassée avec FRENESIE. Mais qui est donc ‘Frénésie’ ? Sans doute une folle que rien ne peut freiner dans son élan…
    Au pied du Pic du midi, dans une forêt de feuillus déjà FAUVES de la sécheresse endurée au printemps, une poignée de ch’tis FANTASQUES a allumé un feu de camp au centre d’une vaste clairière. Leur projet est de rejoindre l’observatoire à 2000 m d’altitude à la nuit tombée, mais pour l’heure, en ce début de soirée, ils sont plutôt partis pour une nuit de FOLIE ; la bière coule à flot et tandis que les FRICANDELLES rôtissent sur l’âtre, ils enchainent rondes nissardes et FARANDOLES provencales au son des fifres et des tambourins. Farouches, un FAON et sa mère, que dès octobre, les premiers FRIMAS rapprocheront pourtant des hommes et de leurs habitations, n’ont jamais rien vu de tel au FOND de leurs Pyrénées natales et observent toute cette FIEVRE avec FASCINATION, écoutent les humains se raconter des FARIBOLES … il y en a même un, qui, se prenant pour un FAKIR, après s’être infligé l’épreuve de la planche à clous, vient de traverser pieds nus le lit de braises rougeoyantes. Ah oui pour sûr, son passage a provoqué une belle gerbe d’étoiles !

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  2. t’as des drôles de rêves toi ! Des saucisses qui éclatent en pleine figure !:-) attention, l’inconscient te parle là ! J’adore ta créativité , on sent combien pour toi, la lecture forge l’être que tu es.. Pour moi, mon ADN se résume à : Ella, elle l’a ! 🙂
    Doux rêves ce soir, peut être de jolis calices roses aux contours cotonneux ? 😉 (je sais, le C est déjà fait !:-)

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    1. @Ella je ne savais qu’en faire de ces fricandelles 😀 alors !
      Des lectures de ce genre ne peuvent que laisser des traces au moins sur l’instant.
      Quant à ta drôle de voix je n’en peux rien dire encore, mais qui sait !!! 8)
      Je reconnais mes rêves sont parfois Frappadingues 😛

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  3. Un petit grain de folie est toujours bienvenu ! Je le trouve très intéressant ton texte, les mots n’y ont pas le sens « téléphoné » habituel (les premiers frimas, les yeux de faon…) Et bien enlevé le texte en commentaires de Pascale ! Bravo à vous deux ! 😉

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    1. Oui et mes lectures m’ont aidé à cela 😛 Le sens des mots peut être « déformé » selon l’endroit où l’on vit. Les yeux de faon tu as vu ça ici ma biche ? 😀
      Oui Pascale écrit très bien

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  4. Moi qui lis peu, hélas, je ne m’attaque jamais à ce genre de livres, et j’aime bien imaginer la fin d’une histoire ! Pas facile, avec ces « F », de monter un texte criant de vérité. « Félicitations », Jean-Charles !

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    1. Merci Plume. Ce livre s’est imposé à moi plus que je ne l’ai choisi mais je ne le regrette pas. En tout cas il m’a beaucoup aidé pour écrire ces mots et puis à dire vrai, j’ai appris plein de choses, alors… 8)

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  5. J’adore ce rêve littéraire… vraiment, très bonne idée et beaucoup de poésie malgré des termes un peu difficiles à placer dans ce contexte… c’est réussi, bravo!
    Si vous voulez lire mon bouquin, Danser au bord des abîmes, ne vous privez pas…

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  6. je ne me souviens jamais de mes rêves… heureusement car ils sont comme les vôtres… ce texte donne très envie de lire ce livre en attendant le vôtre bien sûr… prévu pour la prochaine rentrée littéraire, si je ne m’abuse

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    1. Je ne me souviens jamais de mes rêves non plus, d’ailleurs c’est frustrant, mais de mes cauchemars : oui ! Ce livre est excellent. Quand au mien il est écrit mais ma timidité naturelle m’empêche de le publier 😛

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  7. Je ne connais pas le livre en question, à découvrir donc… Un grand éclat de rire avec ton « pétage » de fricandelle et une peur rétrospective: et si ça m’était arrivé en pleine dégustation ????

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    1. Merci Célestine. Oui ce livre existe et si certains chapitres sont un peu plus difficiles à lire que d’autres, il y a une recherche documentaire impressionnante qui pour un roman policier est assez inhabituelle et du coup très intéressante.

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